Le député Davy Rimane prépare une proposition de  "loi Mercure" pour mettre fin au scandale sanitaire en Guyane

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Le député Davy Rimane prépare une proposition de  "loi Mercure" pour mettre fin au scandale sanitaire en Guyane

Quarante ans après la découverte de la contamination au mercure en Guyane, liée à l’orpaillage illégal, la situation demeure inchangée selon le député Davy Rimane. Le parlementaire de Guyane prépare une proposition de loi pour répondre à ce qu’il qualifie de « scandale sanitaire ». Détails avec notre partenaire Radio Peyi.


La contamination au mercure des populations vivant le long des fleuves guyanais est connue depuis les années 1980. Pourtant, les habitants continuent de vivre avec ces conséquences. « 40 ans après la découverte de cette contamination, nous sommes encore au même point », a rappelé Davy Rimane à l’Assemblée nationale en mars dernier.

Le député de Guyane entend désormais agir : un texte de loi sur le sujet devrait être déposé d’ici le mois prochain. En fin de semaine dernière, il s’est rendu sur le Maroni, notamment à Taluen, pour rencontrer les habitants.


Des populations en colère et abandonnées

Les témoignages recueillis sur place traduisent un profond désarroi. « Il y a une forme de lassitude. Ils se sentent complètement abandonnés », rapporte Davy Rimane. «Nous, ça fait des décennies qu’on nous répète la même chose. Il y a beaucoup de paroles, et depuis que je suis petit, j’entends ça. J’ai 48 ans aujourd’hui», déplore un habitant de Taluen.

Certains vont jusqu’à remettre en cause leur appartenance à la République : « La République, liberté, égalité, fraternité, ça n’existe pas ici. Nous ne sommes pas de vrais Français. »

 

Un quotidien bouleversé par l’orpaillage illégal

Pour Davy Rimane, la situation est intenable compte-tenu des conséquences sur le mode de vie des populations locales. Les habitants dénoncent une « impunité totale » des garimpeiros. « Il y a des dégâts incommensurables au niveau de l’eau. Ils ne peuvent même plus se baigner dans le fleuve. Au niveau de la pêche et de la chasse, tout est bouleversé : le poisson a changé de goût, le gibier se fait rare. Pourtant, certains villages, comme Kayodé, n’ont pas d’autre choix que d’utiliser l’eau du fleuve pour préparer le kachiri. (Ndlr : boisson traditionnelle à base de manioc) »

Plusieurs études ont révélé que cette contamination fragilise aussi la santé des habitants. La pollution au mercure liée à l’orpaillage illégal en Guyane entraîne des conséquences sanitaires graves : le mercure s’accumule dans l’organisme, surtout par la consommation de poissons contaminés, provoquant des atteintes neurologiques, rénales et cardiovasculaires. Les enfants et les femmes enceintes sont les plus vulnérables, avec des risques de retard de développement et de troubles irréversibles.


Un texte pour « éradiquer » le mercure et l’orpaillage illégal

La future « loi Mercure » devrait tenir compte de tous les acteurs impliqués de près ou de loin par cette problématique. Elle doit répondre aux besoins sanitaires des populations contaminées, mais aussi renforcer la lutte contre l’orpaillage illégal : « La loi Mercure permet aussi de s’attaquer à l’orpaillage clandestin. Elle inclura des moyens conséquents, des stratégies opérationnelles adaptées, un appui sur les populations locales qui connaissent le territoire, ainsi qu’un volet de réparation pour les habitants touchés ».

Le député guyanais conclut en faisant un appel à l’État afin qu’il assume sa responsabilité dans ce qu’il considère comme « un scandale sanitaire ». « Soit la nation sait faire les choses comme il se doit pour répondre à un scandale sanitaire sur un territoire français, soit elle ne saura pas répondre, et nous, en tant qu’élus, nous en tirerons les conséquences. »


Par Radio Peyi