Afin de palier à une faible participation aux différentes campagnes et dispositifs de dépistage des cancers en Guyane, particulièrement dans les territoires isolés, une mission conjointe du Centre régional de coordination des dépistages des cancers (CRCDC) et de l’ARS, s’est rendu, du 15 au 18 août, dans plusieurs Centres départementaux de Prévention Santé (CDPS) du Maroni, afin d’identifier les freins à la participation au dépistage et y trouver des solutions.
Sur le sol guyanais, le dépistage contre les cancers est moins pratiqué qu’ailleurs en France, avec un contraste particulier observé sur les communes isolées, comparé au littoral. Face à ce constat, la mission conjointe du CRDC et de l’ARS avait pour objectif « d’analyser les difficultés quotidiennes et les solutions possibles ».
L’équipe dédiée à cette mission, composée de Dr Michèle Sandra Monlouis-Deva, présidente du CRCDC, le Dr Bertrand de Rochambeau, responsable du comité scientifique du CRCDC, le Dr Jane Poincenot, conseillère médicale à l’ARS, et le Dr Cyril Rousseau, chef de pôle CDPS, est ainsi allé à la rencontre des professionnels de santé dans les différents CDPS du Maroni, afin d’aller au contact et d’analyser in situ les problématiques soulevées.
En rencontrant les professionnels de Santé sur place, généralistes, urgentistes, infirmières, sages-femmes, médiateur en santé, entre autres, un premier constat émerge, relate le Dr Monlouis-Deva : « Le principal frein soulevé par nos interlocuteurs, c’est le transport, le manque d’avions fait qu’on ne peut pas faire venir toutes les patientes à Cayenne pour le dépistage du cancer du sein. Les habitantes d’Apatou et de Grand-Santi, qui se rendent davantage au Chog en pirogue, rencontrent moins de difficultés ».
De cette observation, le CRCDC prévoit de rencontrer la Collectivité territoriale (CTG) afin de discuter de la question du transport. Une problématique qui se retrouve également et à plus grande échelle, dans le délai nécessaire au transfert et l’acheminement des échantillons vers l’Hexagone, six jours maximum dans le cas du cancer colorectal. Dans ce contexte, la désignation d’un laboratoire de Guyane pour analyser les prélèvements locaux est la principale piste envisagée pour régler ce problème. Dans l’attente, il est recommandé d’acheminer l’échantillon depuis les communes isolées le jour même du prélèvement. Pour le dépistage du cancer du col de l’utérus, la difficulté est moins prégnante, du fait du délai de douze jours.
Autre frein identifié par l’équipe, celui de la langue. Pour répondre à cet aspect de la question, les invitations et affiches seront bientôt traduites en langues locales, afin de toucher et de sensibiliser le plus de personnes possibles, poursuit la Dr Monlouis-Deva : « L'autre frein essentiel, c'est la langue. Nos invitations sont rédigées uniquement en français. La communication ne dépend pas de nous mais de l'Institut national du cancer (Inca). Nous avons demandé une dérogation, que nous avons obtenue, pour pouvoir traduire nos invitations et nos affiches dans les langues parlées en Guyane. Ce sera fait à partir du mois d'octobre, je pense ».
L’ensemble de la mission doit faire l’objet d’un rapport qui sera présenté au prochain conseil d’administration du CRCDC et à ses financeurs.
Damien Chaillot