Le barrage de Petit-Saut, plus grand réservoir de France avec 3,5 km³ d'eau, célèbre ses 30 ans d’activité. Depuis 1994, cet ouvrage, situé à 60 kilomètres de Kourou en Guyane, assure une production énergétique essentielle pour la région. Aujourd'hui, il alimente environ deux tiers des foyers guyanais, répondant ainsi aux besoins énergétiques d’une population en pleine expansion depuis les années 1980, notamment avec le développement du Centre spatial guyanais. Ce barrage a ensuite servi d’exemple pour d’autres, construits par EDF au Laos, au Cameroun ou encore au Brésil. Focus grâce à l’interview de Valentin Castan-Roi, responsable du pôle hydraulique de Petit-Saut au micro de nos partenaires de Radio Péyi.
Valentin Castan-Roi, responsable du pôle hydraulique de Petit-Saut, résume l’importance de ce site historique : « Vous pouvez me dire c'est vieux, et moi je vous dis c'est très jeune dans leur vie. Certains barrages en métropole ont bien plus de cent ou cent trente ans ».
À travers les décennies, le barrage de Petit-Saut est devenu un modèle pour d'autres projets hydroélectriques d’EDF à l'international, notamment au Laos, au Cameroun et au Brésil.
Barrage de Petit-Saut, un site stratégique demandant une gestion rigoureuse
Sur le plan opérationnel, les 28 agents de la centrale travaillent quotidiennement à l’entretien de l'infrastructure. Valentin Castan-Roi souligne l'importance des contrôles réguliers : « Tous les quinze jours, on rentre à l'intérieur du barrage pour faire des opérations très techniques avec plus de 400 points de mesure ».
Ces vérifications permettent de contrôler les pressions, les débits et les éventuelles fuites d’eau. Cette rigueur dans le suivi assure la sécurité du barrage, un enjeu clé pour EDF et pour la population locale.
Les turbines, qui jouent un rôle central dans la production électrique, font également l’objet d'une maintenance minutieuse. « Chaque année, on démonte certaines parties pour les rénover et garantir une bonne qualité d'électricité. En milieu équatorial, avec un taux d'humidité élevé, le barrage demande peut-être plus d'entretien que certains aménagements en métropole », explique le directeur.
Prévenir les impacts de la sécheresse avec le barrage
Face aux conditions climatiques fluctuantes, les équipes de Petit-Saut anticipent les défis liés à la sécheresse et aux périodes de basse pluviométrie. En ce moment, le niveau d’eau du barrage est contrôlé avec une grande vigilance. « On descend le niveau du barrage pour nous permettre de pouvoir restocker l'eau à la prochaine saison des pluies », précise Valentin Castan-Roi, expliquant qu’EDF se base sur trente ans de données climatiques pour anticiper les besoins et ajuster la production. EDF travaille aussi en partenariat avec Météo France et la division technique générale d’EDF pour suivre les prévisions météorologiques.
Des célébrations pour une mémoire collective
Pour marquer cet anniversaire, des visites pédagogiques ont été organisées la semaine dernière pour des scolaires et des salariés d’autres secteurs d’EDF Guyane. Selon Valentin Castan-Roi, cette ouverture au public est une manière de sensibiliser aux enjeux du site tout en rendant hommage aux pionniers du projet. « On a des collègues, des anciens qui étaient présents ici à la construction et c'est beaucoup d'émotions qu'ils ont encore pour nous dire aujourd'hui ce qu'ils nous ont légué ».
Le barrage de Petit-Saut, malgré ses 30 ans, demeure une infrastructure essentielle pour le tissu énergétique de Guyane. Les efforts continus sur site ont pour objectif de continuer à répondre aux exigences locales, en visant un modèle de durabilité au sein d’un environnement naturel exigeant.
Damien CHAILLOT