Guyane : La fièvre Q toujours très présente dans les élevages de Guyane selon une étude

Coxiella burnetii (Agent de la fièvre Q) © National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID)

Guyane : La fièvre Q toujours très présente dans les élevages de Guyane selon une étude

Des travaux réalisés par le Dr Pauline Thill en 2019 et présentés au Congrès européen de microbiologie clinique et maladies infectieuses, montrent que la présence de la fièvre Q, élevée mais stable depuis 2006, est probablement parmi les plus importantes du monde. Des études supplémentaires doivent permettre de mieux cerner la situation épidémique précise et de compléter les données manquantes.



Si 60 % des infections de fièvre Q sont asymptomatiques, les plus aiguës provoquent de graves pneumopathies. Cette maladie qui touche différents animaux, puisque détectés notamment chez les chiens, les rongeurs, marsupiaux, ovins ou bovins, et peut se transmettre à l’homme, est due à un microbe appelé Coxiella burnetii, capable de survivre plusieurs mois, voire années, dans la poussière, le sol, par le biais des déjections animales.

Si l’on sait que la bactérie infecte les humains principalement lors de l’inhalation de poussières contaminées par des déjections animales, les études sur les réservoirs animaux en Guyane fournissaient jusque-là « des résultats très partiels », souligne le Dr Pauline Thill, affirmant que « des études sont nécessaires pour comprendre les moteurs de cette infection à peine décrite dans le reste de l'Amérique du Sud ».
Une partie de ces travaux visant à connaître les causes de cette incidence record de la fièvre Q en Guyane, seront présentées lors des Journées des soignants de Guyane (JDS) par Mona Saout, technicienne de laboratoire à l’Université de Guyane.

En 2017, des prélèvements sérologiques opérés par l’Institut Pasteur sur 2 500 personnes en Guyane ont montré que vivre à moins de 5 km d’un élevage ovin était un facteur de risque d’être en contact avec la bactérie en cause. Entre 2015 et 2017, la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Daaf) de Guyane a prélevé du sérum dans 80 des 480 élevages de Guyane, de Mana à Saint-Georges. Le test utilisé pour analyser ces sérums, en les comparant à une bactérie de l’Hexagone, donne des résultats modestes : la bactérie est identifiée chez 0,6 à 2,3 % des animaux, qu’il s’agisse de bovins, de caprins ou d’ovins.

Or, lors des recherches, un résultat a retenu l’attention de Mona Saout et de son équipe, puisque de nombreux animaux présentaient des traces de la bactérie juste en dessous du seuil de positivité fixé par le fabricant.
« Soit il s’agissait d’une réaction croisée avec une autre bactérie, soit ce sont des sérums positifs », explique-t-elle, et ainsi déduire que l’erreur de lecture pouvait provenir du test.

En effet, puisque la bactérie étalon provient de l’Hexagone, les tests pourraient être calibré de manière inadéquate quant aux spécimens guyanais.
Afin de valider cette hypothèse, de nouveaux sérums seront prélevés cette année. Si cette théorie venait à être confirmée, les résultats indiqueraient qu’un bovin sur sept est séropositif et certaines années, comme 2016, monteraient une forte prévalence également chez les autres animaux d’élevage tels que les moutons, les agneaux, les cabris et les chevreaux.

Pour Mona Saout, « cette étude est la première de grande envergure sur les élevages de ruminants en Guyane. Elle met en évidence un rôle potentiel des animaux de rente comme réservoir de Coxiella burnetii, ce qui n’avait pas été montré jusque-là. Elle montre aussi qu’il n’y a pas de secteur agricole épargné en Guyane ».
 

Damien CHAILLOT