Le projet de centrale électrique d'EDF du Larivot continue à susciter une forte opposition, en témoigne un nouveau référé déposé jeudi 8 juillet au tribunal administratif de Cayenne par deux associations écologiques, visant à faire annuler l'autorisation environnementale qui concerne la construction de la centrale à biomasse liquide.
Alors que les travaux de défrichage et de terrassement ont débuté, un nouveau recours en référé vient frapper le projet de la centrale à biomasse liquide du Larivot, et sa nécessaire construction d'un oléoduc de 14 km liant la structure au port de Degrad-des-Cannes. Le projet prévoit une fin de chantier pour début 2024.
Les deux ONG, Guyane Nature Environnement et France Nature Environnement ont ainsi fait front commun en déposant un recours au tribunal administratif de Cayenne dans l'optique de faire cesser les travaux. Cette action rejoint des précédentes, concernant d'une part le permis de construire délivré pour le projet et l'autorisation environnementale accordée, mais aussi celles concernant l'oléoduc, l'une contre sa déclaration d'utilité publique qui autorise l'expropriation des habitants résidant sur son tracé, l'autre contre le permis de construire et d'exploitation de l'oléoduc.
Si ces procédures peuvent s'inscrire dans la durée avant leur résolution, la volonté de porter l'affaire en référé est motivée par la possibilité d'une audience vers la fin du mois de juillet, qui forcerait alors à une suspension des travaux dans l'attente d'un verdict rendu par les magistrats.
Plusieurs problématiques sont évoquées par les associations, la première étant l'impact environnemental du projet, qui s'inscrit dans un milieu d'espèces protégées, traversant un corridor écologique, et dans certaines zones inondables. La rivière de Cayenne serait mise à risque par l'oléoduc, et la somme de matériaux nécessaire pour le remblayage, notamment des tonnes de pierre et de sable, est trop importante par rapport aux réserves disponibles selon les ONG. Enfin, dans un communiqué de l'association Guyane Nature Environnement, son président, Rémi Girault, interpellant le président de la Collectivité Territoriale Gabriel Serville, évoque les sommes colossales qu'il juge mal employées :
« Un demi-milliard d’euros pour la centrale du Larivot, c’est plus que le viaduc de Millau (320 millions d’euros), deux fois le nouveau pont du Larivot (100 M€ pour le pont et 150 M€ pour le raccordement à la RN1), 3,5 fois le nouvel hôpital de Saint-Laurent (140 M€) ou encore 5 lancements de satellites sur Ariane 5 (100 M€). Pour le prix d’un projet pareil, on aurait pu construire l'autonomie énergétique, politique vertueuse pour l'économie, l'environnement et l'emploi en Guyane », avant de conclure « qu'il serait intéressant de réorienter tout cet argent dans la transition écologique ».
Damien Chaillot