Les acteurs de la filière Bois Énergie de l’Interprobois ont annoncé dans un communiqué dédié la création de l’association Biomasse Guyane, qui a pour objectif de “promouvoir et développer la filière d’approvisionnement en biomasse en vue de la production d’électricité en Guyane”. L’association s’intéressera notamment aux questions de l’approvisionnement des centrales, la création d’emplois ou encore l'empreinte carbone.
Une nouvelle association, portée par des acteurs d’Interprobois, association crée en 2009 dont la mission est de favoriser la production, la mobilisation, l’exploitation, la transformation et la promotion des bois de Guyane avec l’ensemble des maillons de la filière. Sa branche bois-énergie est à l’origine de l’association Biomasse Guyane, qui veut accompagner les professionnels, participer à la structuration de la filière, mais aussi mieux communiquer vers le public.
Un des enjeux sur ce dernier point, faire connaître au grand public le fonctionnement des centrales à biomasse en Guyane et mettre en avant les exigences de la filière quant à l’origine guyanaise des matériaux utilisés.
Denys Poulet, président de l’association Biomasse Guyane, le détaille au micro de nos partenaires de Radio Péyi : « Ce qu’il faut savoir, c’est le modèle des centrales biomasses en Guyane. On fonctionne sur l’utilisation des résidus connexes, déchets, des autres activités. Principalement, ce sont des exploitations forestières pour sortir du bois d’œuvre de la forêt guyanaise, c’est lorsqu’il y a un aménagement du territoire, pour faire des maisons, des sites industriels, on récolte les résidus de la défriche, ce sont les connexes de scieries, et ce sont les bois en fin de vie ou les bois immergés qui ont été détruits par le barrage de Petit-Saut. Sur le papier, il y a suffisamment de ressources de ce type pour que les centrales qui sont sur le territoire, en construction, ou prévues, fonctionnent ».
Cependant, ce procédé est souvent méconnu du public, et il incombera à l’association de communiquer et de démystifier la filière Bois Énergie, poursuit le président de Biomasse Guyane : « Parmi les grandes lignes d’action, il y a un besoin d’information du grand public, que ce soit en Guyane ou en Métropole, qui ne comprend pas ce que nous faisons avec la biomasse en Guyane, et qui a une image qui est fausse, de « nous détruisons la forêt amazonienne pour faire de l’électricité », ce qui ne correspond pas du tout à la réalité, mais il faut simplement l’expliquer ».
À l’échelle du territoire et pour pouvoir suivre cet axe, il s’agira également de travailler de concert avec les services de l’Etat et la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) sur les difficultés d’approvisionnement auxquelles sont confrontés les professionnels : « Les ressources sont là en Guyane, mais il y a des freins pour pouvoir accéder à ces ressources, et on a certains de nos adhérents qui ont des difficultés pour s’approvisionner, ou pour fournir, qui peuvent être de l’ordre de la montée en compétence des opérateurs, qui peuvent être de l’ordre de l’accès à la ressource parce que au niveau routier, piste, tout n’est pas au rendez-vous (…) Il y a un certain nombre de choses où il faut qu’on agissent collectivement pour trouver des solution et que tout soit fluide ».
L’aspect local de l’approvisionnement en bois de la filière biomasse doit faire l’objet d’une attention particulière, conclu Denys Poulet, alors qu’une récente polémique a mis en avant l’importation de bois en provenance du Suriname par l’un des acteurs de la filière : « Toute la filière est entièrement d’accord sur un point, nous devons nous fournir uniquement en Guyane. Il n’est pas concevable qu’un territoire où il y a 96% de forêt importe du bois de quelque façon que ce soit, pour la construction ou pour l’énergie. Cela dit, l’épisode qui s’est passé montre certaines difficultés pour s’approvisionner, et notamment sur l’accès aux ressources quand elles proviennent de défriches agricoles ».
Pour le territoire, l’objectif est clair, atteindre un approvisionnement 100% guyanais pour une énergie en partie décarbonée. Actuellement, 4 centrales à biomasse sont présentes sur le territoire, et les acteurs de la filière évoquent un total de 350 emplois liés à partir de 2025.
Damien CHAILLOT