Le Plan Régional Santé Environnement (PRSE) 2024-2028 a été dévoilé, mettant en lumière des initiatives ambitieuses pour améliorer les conditions de vie en Guyane. Ce plan, encore en cours d’élaboration, vise à réduire les impacts environnementaux sur la santé des Guyanais à travers 26 actions, dont la publication finale est prévue pour le premier semestre 2025. Focus grâce au point de La Lettre Pro de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Guyane.
Le PRSE part d’un constat jugé préoccupant. En Guyane, des défis majeurs lient environnement et santé : 24 % de la population habite dans des logements potentiellement indignes ; 15 % n’ont pas accès à un réseau d’eau potable, soit environ 45 000 personnes ; les déchets ménagers atteignent 248 kg par habitant et par an pour ceux bénéficiant du service public de collecte.
Parmi les pathologies préoccupantes, le plan souligne l'impact de maladies infectieuses (paludisme, arboviroses, leptospirose) et d’intoxications au plomb et au mercure, ainsi que des maladies liées à la sous-nutrition ou aux mauvaises conditions d’hygiène.
Ainsi, le PRSE s’articule autour de plusieurs axes clés pour faire face à ces enjeux.
La qualité de vie et environnement sain
Une étude pilote sera lancée par Atmo Guyane pour analyser la qualité de l’air intérieur dans les bâtiments publics. Parallèlement, des actions viseront à : former élus et professionnels à des choix d’aménagement urbain favorables à la santé ; sensibiliser les décideurs locaux à leurs compétences en gestion des déchets ; diffuser les résultats de l’étude GuyaClimat, anticipant les impacts climatiques d’ici 2100.
Réduction des inégalités environnementales
Le manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, ainsi que l’exposition aux métaux lourds, sont identifiés comme des priorités. Des initiatives incluront : le dépistage du plomb et du mercure pour les femmes enceintes et enfants jusqu’à 7 ans dans des zones vulnérables comme Maripasoula ; une surveillance accrue des dispositifs d’assainissement dans les zones isolées ; l’amélioration des connaissances sur la contamination des sols par le plomb.
Prévention des maladies zoonotiques et infectieuses
Avec des épidémies touchant 30.000 personnes entre 2012 et 2017, la Guyane est particulièrement exposée aux maladies transmissibles par les moustiques ou la faune sauvage. Parmi les actions envisagées : la mise en place du réseau Sagir pour surveiller les pathogènes chez les animaux sauvages ; l’évaluation de l’usage de la bactérie Wolbachia pour réduire les capacités de transmission du moustique Aedes aegypti.
Renforcer l’éducation en santé environnementale
Un module spécifique sera intégré dans la formation des professionnels de santé, complété par des initiatives pour améliorer la sensibilisation des acteurs locaux et des citoyens.
Promouvoir une alimentation durable et de qualité
Le PRSE encourage le développement de filières agricoles durables et la valorisation des plantes alimentaires non conventionnelles. Des projets visent également à : mettre en place une charte de qualité alimentaire pour le marché de Cayenne ; introduire des produits locaux et équilibrés dans la restauration collective, notamment dans les écoles.
Une approche collaborative
Le PRSE a été conçu avec le concours d’acteurs variés, de l’Agence Régionale de Santé (ARS) aux collectivités locales, en passant par des associations et des chercheurs. Cette synergie sera cruciale pour atteindre l’objectif d’un environnement favorable à la santé pour tous les Guyanais, et ce plan veut traduire une volonté de répondre aux défis environnementaux spécifiques à la Guyane tout en promouvant un cadre de vie durable et sain.
Damien CHAILLOT