La Confédération des Petites et Moyennes Entreprises (CPME) et l'Union des Entreprises de Guadeloupe (UDE-MEDEF) expriment une profonde inquiétude quant aux récentes pratiques de recouvrement mises en œuvre par la CGSS/Urssaf en Guadeloupe. Dans un contexte économique encore fragile après la crise sanitaire, ces mesures pourraient avoir des conséquences dramatiques sur la survie des entreprises locales selon ces 2 organisations.
Les entreprises guadeloupéennes, déjà affaiblies par la crise de la COVID-19, continuent de subir les effets prolongés de la pandémie. Selon le rapport économique annuel 2023 de l'IEDOM (Institut d'Émission des Départements d'Outre-Mer), l'économie locale reste marquée par des incertitudes, freinant la reprise et fragilisant le tissu entrepreneurial. Dans ce climat d'attentisme, les entreprises redoutent de nouvelles pressions sur leur trésorerie, avec en ligne de mire une hausse des liquidations judiciaires.
La modernisation des procédures de recouvrement par la CGSS/Urssaf, notamment via des saisies d'huissiers pouvant être réalisées rapidement et à grande échelle, suscite de vives préoccupations. Ces nouvelles méthodes permettent d'effectuer des saisies sur les comptes bancaires des entreprises en quelques minutes, sans déplacement physique. Les organisations patronales craignent que cette approche, si elle est appliquée à grande échelle, puisse entraîner un choc brutal pour le tissu économique local, menaçant la survie de nombreuses structures.
Bien que la CGSS/Urssaf ait annoncé des mesures d'accompagnement pour aider les entreprises à étaler leurs paiements, la CPME et l'UDE-MEDEF estiment que ces initiatives sont insuffisantes et manquent de solutions concrètes. En outre, la possibilité de suspendre les prestations sociales et de santé en cas de non-paiement des cotisations est perçue comme une menace inédite, susceptible d'aggraver encore la situation des entreprises déjà en difficulté.
Face à cette situation jugée critique, la CPME et l'UDE-MEDEF appellent à la mise en place de mesures d'urgence pour soutenir les entreprises locales. Parmi les propositions formulées, les syndicats patronaux préconisent la création d'un « Service d'Urgence pour Sauver les Entreprises » inspiré des orientations de l'URSSAF nationale, ainsi que la mobilisation des acteurs locaux, comme la Chambre de Commerce et d'Industrie et la Chambre des Métiers, pour solliciter les autorités préfectorales et fiscales.
Les organisations suggèrent également un renforcement du Centre d'Information sur la Prévention des difficultés des Entreprises (CIP), avec un soutien accru des experts-comptables, ainsi qu'une commande de rapports sur les exonérations de cotisations sociales des 30 dernières années pour mieux comprendre les enjeux économiques locaux. Enfin, elles appellent à l'organisation d'un grand forum réunissant experts et entreprises pour discuter des obligations sociales et des solutions à envisager.
La CPME et l'UDE-MEDEF Guadeloupe en appellent à la responsabilité des pouvoirs publics pour éviter une crise économique majeure en Guadeloupe. Elles exhortent les autorités à agir rapidement pour éviter que les pratiques actuelles de recouvrement ne conduisent de nombreuses entreprises à la faillite, mettant en péril l'équilibre socio-économique de l'île. Les organisations demandent des actions immédiates et adaptées sont nécessaires pour préserver le tissu économique local, rétablir la confiance et permettre aux entreprises de surmonter cette période de turbulences.
Damien Chaillot