En mission à Paris, Joël Sorres de l’ODEADOM venu défendre les dossiers de l’agriculture en Outre-mer

En mission à Paris, Joël Sorres de l’ODEADOM venu défendre les dossiers de l’agriculture en Outre-mer

En mission à Paris, le président du Conseil d’administration de l’ODEADOM a défendu les dossiers de l’agriculture en Outre-mer, notamment le ministre de tutelle Marc Fesneau, et le ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco. S’estimant entendu, il a répondu aux questions de la rédaction.

Vous étiez à Paris cette semaine pour une séquence importante pour les dossiers agricoles ultramarins. Elle a été fructueuse ?

L’avenir le dira. J’ai le sentiment d’avoir été entendu, notamment par le ministre de l’agriculture Marc Fesneau, et par le ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco qui m’ont tous deux reçus pour des séquences d’échanges franches et ouvertes. J’ai pu approfondir des volets importants avec les directrices générales de ces deux ministères qui m’ont accordé du temps et de l’écoute.

C’est important que l’agriculture ultramarine soit considérée comme une vraie part de l’agriculture française. Ce sont presque 27 000 exploitations, plus de 40 000 emplois dans l’agriculture et bien plus avec l’industrie agro-alimentaire, le commerce, la distribution. Notre voix doit être portée, c’est aussi mon rôle en tant que président du conseil d’administration de l’ODEADOM.

Mais je n’étais pas seul, la semaine a débuté avec la réunion d’un comité stratégique de l’ODEADOM avec mes collègues représentants élus des différentes filières, banane, élevage, productions animales et canne à sucre et des représentants de Guyane et de Mayotte. Et nous nous sommes accordés sur une réponse aux ministres sur la « transformation » agricole. Nous sommes capables aussi de nous accorder sur des orientations constructives.

Qu’avez-vous dit aux ministres et à vos interlocuteurs ?

D’abord que la situation aujourd'hui dans les filières agricoles n’est pas seulement difficile, elle est inquiétante. Le diagnostic remonte de tous les territoires et de toutes les filières, avec d’abord des problèmes majeurs de coûts de production et de fret. La cherté alimentaire est un sujet évidemment sensible, on ne pourra pas seulement imaginer que la solution naturelle soit dans un renchérissement des prix alimentaires, ni penser à contrario que les exploitants et les entreprises pourront absorber ces coûts croissants.

Mais j’ai aussi dit que les filières entendaient être partie prenante des débats, être en réponse aux questions posées quant aux orientations agricoles. Les Outre-mer sont des territoires riches, de projets et de solutions. Pas seulement des départements lointains, compliqués et coûteux. Nous sommes une partie, petite sans doute mais une vraie partie, de la sphère agricole. J’ai indiqué que les filières seront toujours des partenaires impliqués pour construire les trajectoires gagnantes aux côtés des pouvoirs publics.

Nous avons besoin, comme échangé avec les ministres, de la visibilité sur les moyens à mettre en œuvre pour notre développement.

Et qu’avancez-vous dans ce débat sur la transformation agricole ?

Une méthode a été posée, nous nous y conformons. Le président de la république avait exprimé fortement en 2019 des orientations, qui restent largement partagées : souveraineté alimentaire, excellence environnementale, développement économique et de l’emploi. Dans ce cadre, j'avais été interrogé par les ministres en novembre 2021, et il était important de remettre aujourd’hui ce premier élément de réponse sur ce chantier de « transformation ».

Je porte cela comme président, mais ils sont issus des débats tenus dans les instances de l’ODEADOM et dans chaque territoire depuis deux ans, et les présidents des comités sectoriels sont totalement associés.

Que dit-on ? Que les diagnostics locaux menés dans les territoires en 2020 et 2021 sont bons, sont justes, sont récents et qu’ils ont identifiés des freins et des leviers à actionner. Cela relève du niveau européen, du niveau national, du niveau local, de l’Etat, des collectivités, des filières. Mettons de la cohérence et de l’énergie et nous serons à la hauteur des ambitions.

Nous disons aussi que la question budgétaire est importante. C’est évidemment majeur, nous serons collectivement crédibles pour défendre des budgets si les projets sont bons, si les approches sont partagées. L’Etat, l’Europe, les collectivités ont été et sont au rendez-vous dans les moments difficiles. J’augure qu’ils le seront aussi sur des trajectoires de croissance pour une agriculture forte.

Nous assurons que nous serons mobilisés pour avancer pour des orientations réelles avec des propositions concrètes : travailler à la réduction de la dépendance, aux importations, en produits alimentaires, en intrants, et cela fait écho à la fois à la crise covid et à la crise actuelle des coûts de production ; travailler à la structuration des filières, avec une conviction que je porte sur la nécessité des approches collectives ; inscrire les orientations de moyens termes en intégrant les enjeux réels les plus lourds devant nous : changement climatique, agro écologie, évolutions alimentaires

Des projets pour 2022 ?

La phase actuelle est celle de la finalisation des évolutions du programme POSEI pour l’année prochaine. Les débats sont en cours je ne me risque pas à un pronostic mais j’espère que nous aurons des signaux positifs. Cela nous occupe tous, administrations, ODEADOM, professionnels en ce début de mois de juillet. Nous serons évidemment en veille attentive sur les questions difficiles de coûts de production.

Et l’Office travaille également sur des évènements d’évolution importants, un séminaire sur la mise en œuvre de plan Ecophyto en novembre. Un projet plus lointain de travail sur l’intégration des questions de changement climatiques dans les stratégies des filières, nous ne manquerons pas de vous en tenir informé dès que cela se concrétise.