Bilan satisfaisant au lendemain du dîner de travail entre le président de la République et les élus des territoires de l’Atlantique et de l’océan Indien. Un dîner de travail qui a permis de poser les bases d’une « vision pour chacun des territoires ».
Échanges « constructifs », « francs », « fluides » : contactée par la rédaction, une source présente au rendez-vous politique souligne un bon bilan au lendemain du « vrai dîner de travail » tenu entre Emmanuel Macron et les 50 élus ultramarins qui ont répondu présents. Sur le déroulé, les élus ont pu prendre la parole après un propos liminaire du ministre chargé des Outre-mer Jean-François Carenco sur les thématiques de la sécurité, de l’immigration, de la vie chère.
De son côté, le président de la République a « posé un certain nombre de choses », notamment « son intérêt pour les Outre-mer » et surtout « pour les élus qui s’engagent ». Après un retour sur le premier quinquennat, le chef de l’État a assuré qu’il ne s’agissait pas de lancer une nouvelle fois des assises ou des états généraux mais bien « d’être pragmatique » et « d’apporter des réponses concrètes aux sujets du quotidien ».
Les prochains Contrats de convergence et de transformation en 2024
L’objectif affiché par l’État : « poursuivre l’action de l’État et des Collectivités pour que les Ultramarins perçoivent mieux le changement et mesurent mieux les résultats », que ce soit en termes de sécurité, de vie chère, de rayonnement régional des territoires ou de développement économique. Emmanuel Macron entend « aller plus vite », « faire mieux » et apporter « une vision pour chacun des territoires ». Une vision qui devrait se traduire en 2024 avec la signature des prochains Contrats de convergence et de transformation (CCT).
La Première ministre Élisabeth Borne, présente à ce dîner de travail, « tiendra un comité interministériel des Outre-mer (CIOM) d’ici six mois pour acter sur cette base une première série de décisions », a indiqué l’Élysée dans un communiqué. « Cette réunion de travail a posé le premier jalon d’un « renouveau de l’Outre-mer ». La démarche volontariste engagée par le gouvernement et les élus dès les prochaines semaines aura pour mission d’identifier les mesures législatives et réglementaires, nationales comme locales, susceptibles de rendre plus efficace l’action des collectivités, dans le respect des compétences de chacun et en tenant compte des spécificités propres à chaque territoire » poursuit-on. « Une feuille de route sur un calendrier, des actions concrètes et des investissements par territoire sera bâtie sur cette base ».
Sur les questions institutionnelles qui animent certains territoires, comme la Guyane, Emmanuel Macron l’a répété, « il n’y a pas de tabou », évoquant la possibilité d’inscrire le sujet à l’ordre du jour de la commission trans-partisane sur les institutions, qui doit « réfléchir collectivement à l’avenir et aux évolutions de nos institutions » avait expliqué la Première ministre lors de son discours de politique générale le 6 juillet dernier. Seul pré-requis pour le président : que la finalité de ces évolutions réponde aux attentes des populations. Cette question d’une éventuelle évolution statutaire a été davantage développée en amont avec le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, et le ministre chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, qui recevaient place Beauvau les responsables politiques des sept territoires signataires de l’Appel de Fort-de-France.
« Il y a une fenêtre qui s'ouvre au niveau constitutionnel liée à la question de la Nouvelle-Calédonie », a expliqué le président de la collectivité de Martinique, Serge Letchimy. « C'est à nous d'arriver à des propositions extrêmement concrètes dans le cadre de notre congrès de façon à ce qu'on puisse écrire à deux mains, État et collectivités, (...) et qu'on puisse être prêts pour la réforme constitutionnelle prévue fin 2023, début 2024 si les choses avancent normalement ». Du côté de la Guyane, « nous sommes bien engagés sur une voie de responsabilisation, de dialogue, qui devrait nous permettre d'aboutir au résultat que nous espérons » a déclaré le président de la Collectivité territoriale Gabriel Serville.
Les élus de ce territoire s’était déjà réunis en Congrès pour travailler sur l’évolution statutaire, qui figure parmi les engagements du plan d’urgence acté au lendemain de la mobilisation de 2017. Serge Letchimy a précisé qu' « il y a une nouvelle relation à établir entre les pays d'Outre-mer et l'État » et qu'il ne voulait pas « seulement un changement statutaire » mais « des réformes au fond sur le plan fiscal, économique, l'autonomie alimentaire, énergétique ». Gérald Darmanin devrait, d’après les élus, prendre sous sa responsabilité ces questions d’évolutions statutaires. Il va également se rendre en Guyane pour les assises de la sécurité, fin septembre.
Satisfaction unanime
Unanimement, les élus des Outre-mer -présidents de collectivités, parlementaires, représentants des maires-, ont manifesté leur satisfaction à l’issue de ce rendez-vous très attendu, sonnant comme un nouveau départ entre l’État et les Outre-mer au lendemain d’une séquence électorale cinglante pour le chef de l’État et sa majorité dans ces territoires.
Une « belle réunion » a notamment salué Ary Chalus, président de la Région Guadeloupe. « L’occasion de rappeler qu’il s’agit d’inscrire nos territoires dans la reconquête de leur souveraineté économique et de multiplier les actions en faveur des transitions énergétique, numérique, écologique et solidaire ». Le sénateur PS Victorin Lurel a lui souligné le « respect » et la « courtoisie ». « Des engagements et une feuille de route ont été pris ».
« Je suis très agréablement surpris de l'esprit d'ouverture » a concédé le président de la Collectivité territoriale de Martinique, Serge Letchimy, interrogé à la sortie de ce dîner de travail, estimant que le chef de l'État avait « répondu de manière claire à l'appel de Fort-de-France ». « J’ai le sentiment que notre appel a été entendu » a également reconnu Gabriel Serville, estimant que « le président reconnaît que nous sommes arrivés au bout d’un cycle et qu’il va falloir changer de logiciel ».
En somme, le dîner de travail s’est « bien passé » et ce, en dépit de quelques inquiétudes signifiées la veille de la part des élus, peu convaincus sur le format. Le Président de la République rencontrera aussi, prochainement, les élus du Pacifique, assure encore l'Élysée.