Économie : La Martinique montre des signes d’essoufflement, selon l’IEDOM

Économie : La Martinique montre des signes d’essoufflement, selon l’IEDOM

Un climat des affaires en berne, un recul du niveau d’activité, un contexte inflationniste toujours présent qui pèse sur la consommation des ménages et des défaillances d’entreprises en hausse de près d’un tiers, l’économie martiniquaise a marqué le pas au premier trimestre 2024. Cependant les prévisions d’investissement restent bien orientées et certains secteurs parviennent à tirer leur épingle du jeu, selon la nouvelle étude de l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM).

Durant la deuxième partie de l’année 2023, l’économie martiniquaise s’était montrée résiliente. Toutefois, pour ce premier trimestre 2024, l’activité est en recul et entraîne une baisse de l’indicateur du climat des affaires. « Les prix à la consommation progressent de +1,3% au premier trimestre de l’année 2024 par rapport au dernier trimestre 2023 (contre +0,9% pour la France entière). Dans le détail, le prix de l’énergie croît de +4,6%, le prix des services de +1,9%, et celui des produits manufacturés de +0,5% », constate l’IEDOM. Cependant, le prix de l’alimentation ne progresse pas au premier trimestre.

Sur le marché de l’emploi, le nombre de demandeurs s’élève à 41 500 personnes, en baisse de -0,6% par rapport à fin décembre 2023 et de -5,7% sur un an. Ceci s’explique par la diminution du nombre de demandeurs âgés de 25 à 49 ans et par celle des plus de 50 ans. L’IEDOM précise toutefois que « le nombre de demandeurs d’emploi ayant moins de 25 ans est encore en légère augmentation sur le trimestre (+0,6%). En 2023, le taux de chômage des 15/29 ans atteint 24%, contre 13% dans l’Hexagone ».

La dynamique d’investissement reste solide, avec près de la moitié des entreprises interrogées envisageant d’investir dans les douze prochains mois. « Les importations de biens d’investissement progressent, +6,1% sur le trimestre et +6% sur un an, tout comme les immatriculations de véhicules utilitaires, +9,7% sur le trimestre et +10,9% sur un an », relève l’étude. Il est cependant à déplorer qu’en cumul sur douze mois, le nombre de défaillances d’entreprises s’établit à 435, contre 327 en mars 2023, soit +33% en un an.

Au niveau sectoriel, L’IEDOM note une activité en baisse dans une majorité de secteurs. Dans la filière agricole et des industries agroalimentaires, les exportations de bananes sont en hausse de +6,4% par rapport au trimestre précédent. Mais l’abattage total est en baisse de -4% sur le trimestre, dont -5,9% pour la filière bovine et -3,8% pour la filière porcine. Dans le secteur du commerce, « l’activité se dégrade fortement ce trimestre, après une période de stabilisation. Les charges d’exploitation, les délais de paiement, et la trésorerie se dégradent. Davantage d’entreprises déclarent avoir réduit leurs effectifs par rapport au trimestre précédent », souligne l’IEDOM.

Dans le secteur de l’hôtellerie et du tourisme, le premier trimestre 2024 n’a pas été favorable, avec un niveau d’activité en baisse et une dégradation de la trésorerie pour les entreprises, d’après l’étude. En revanche, souligne-t-elle, « les prévisions d’investissement sont bien orientées. Le nombre de passagers à l’aéroport (+6,9%) ainsi que le nombre de vols commerciaux (+1,6%) sont en hausse ». Le secteur des services aux entreprises a lui aussi connu une baisse, avec des prévisions d’investissement en diminution.

Pour la filière BTP, la situation est meilleure qu’au trimestre précédent, et son degré d’activité est en progression. La liquidité des entreprises s’est améliorée et le niveau de trésorerie se stabilise. « Concernant la construction de logements, le nombre de logements autorisés atteint 2600 en mars (en cumul sur douze mois), contre 2200 en décembre 2023, soit +18,2%, et le nombre de logements commencés s’établit à 1700 en mars (en cumul sur douze mois), contre 2000 en décembre 2023, soit -15,0% », conclut l’IEDOM.

PM