Drogues en Outre-mer : Dernières tendances dans la zone Atlantique et l’océan Indien

Drogues en Outre-mer : Dernières tendances dans la zone Atlantique et l’océan Indien

Chaque année, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) publie un rapport extrêmement détaillé sur les principales évolutions du phénomène des drogues et des toxicomanies dans l’Hexagone et les Outre-mer. Voici un aperçu concernant les territoires ultramarins. On y lit entre autres que « les Antilles françaises deviennent une zone rebond majeure de la cocaïne destinée à la France et l’Europe ».

Le rapport a été publié en novembre 2020 et concerne l’année 2019. Pour les Outre-mer, l’étude relève principalement les tendances à l’œuvre dans les départements français des Amériques-  Guadeloupe, Guyane et Martinique (mais aussi la collectivité de Saint-Martin) – qui se trouvent à proximité des grandes zones de production (Colombie, Bolivie, Pérou) et de transit de la cocaïne (Venezuela, Brésil, Suriname). Outre les voies traditionnelles (Espagne, Pays-Bas, Belgique), la cocaïne transite depuis quelques années par le Brésil et le Venezuela puis les Antilles françaises et pénètre notamment sur le continent européen par le port du Havre. « Le trafic de mules empruntant la voie aérienne entre la Guyane et la métropole est aussi en forte augmentation depuis 2011 », relève l’OFDT. Le marché de la cocaïne, deuxième après le cannabis, s’élève environ à une quinzaine de tonnes pour un chiffre d’affaires estimé à 900 millions d’euros en France.

« Le rôle de la Guyane ne cesse de grandir »

« La Martinique et la Guadeloupe ne sont plus seulement des zones de consommation de cocaïne basée (crack) mais jouent aujourd’hui un rôle de plus en plus important dans l’alimentation du marché métropolitain via notamment la voie maritime », note le rapport. « Les Antilles françaises deviennent une zone rebond majeure de la cocaïne destinée à la France et l’Europe ». « Le deuxième grand vecteur est l’aérien avec environ 19% des saisies en 2018. Au cœur des routes aériennes, le rôle de la Guyane ne cesse de grandir. Le renforcement du contrôle des liaisons aériennes entre Paramaribo, la capitale du Suriname, et Amsterdam est probablement la cause principale du rôle croissant de la Guyane dans l’approvisionnement en cocaïne de la métropole. Du fait de dispositifs sécuritaires plus vulnérables, la Guyane constitue en effet, pour le crime organisé surinamien, un point stratégique pour l’exportation de cocaïne, via Cayenne et son aéroport international », ajoute letexte.

L’OFDT précise que la filière guyanaise pourrait monter en puissance dans les années à venir, avec une autonomisation des bandes criminelles sur ce territoire. D’autant que « la cocaïne transitant par la Guyane est équivalente en qualité (pureté de 70% minimum) mais deux fois moins chère (5000 euros en moyenne le kg) que celle acquise aux Antilles ou en République dominicaine ». Compte tenu d’une précarité croissante, comme en Guyane, un phénomène d’autonomisation criminelle est également à l’œuvre en Martinique, indique l’Observatoire, qui souligne par ailleurs une augmentation des trafics de cocaïne par voie postale à partir de ces territoires et de la Guadeloupe.

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Dans l’Océan indien, Mayotte se caractérise par la consommation de ce que l’on appelle les
nouveaux produits de synthèse (NPS). « Depuis 2011, en effet, un nouveau produit dénommé
localement la ‘chimique’ (mélange de cannabinoïdes de synthèse, de tabac et d’alcool) a fait une apparition sur le marché de rue et touche massivement des hommes jeunes et précaires. Dans un contexte où Mayotte était plutôt épargnée par les réseaux criminels traditionnels du fait d’un positionnement géographique à l’écart des grandes routes de trafic, Internet a permis de pallier cet isolement », explique l’OFDT.

Situation particulière à La Réunion

Concernant La Réunion, la situation de l’île est particulière. Elle se caractérise par la rareté ou même l’absence de drogues dont la diffusion est en augmentation dans l’Hexagone, comme la cocaïne, la MDMA (méthamphétamine), l’héroïne ou le crack. Selon l’OFDT, cette tendance s’explique principalement par la position géographique du territoire, très éloigné des grandes zones de production et de trafics. L’Observatoire signale toutefois la disponibilité de ces produits via internet, organisée par des usagers-revendeurs, ainsi que la multiplication de « mules » venant de France hexagonale.
« Le cannabis est le seul produit aisément accessible et disponible à la Réunion, étant produit localement sans difficulté du fait du climat insulaire favorable à sa culture », note enfin l’étude. « Cette situation découle de l’existence de plantations de grande ampleur (plusieurs centaines de pieds) dans les zones rurales et escarpées de l’île. Cette production est destinée à la vente sur place (nombreuses auto-cultures dont la production limitée est revendue et consommée au sein d’un cercle restreint d’usagers) ou à l’exportation vers les îles voisines. Elle permet aux cultivateurs/trafiquants d’engranger des revenus parfois confortables. »

PM