Le rallongement de la piste de l’aéroport de Pamandzi, en Petite-Terre, s’éloigne au profit d’un nouvel aéroport à Bouyouni, sur l’île principale de Mayotte. La raison : l’apparition de nouvelles contraintes, liées notamment aux risques sismo-volcaniques, qui ne permettraient pas une accessibilité aérienne pérenne pour Mayotte.
Les services de l’État, notamment des Ministères des Transports et des Outre-mer, ont réuni ce mardi les élus de Mayotte pour leur présenter les premiers résultats des études de faisabilité technique, portant à la fois sur un possible rallongement de la piste de Pamandzi ou la construction d’un nouvel aéroport à Bouyouni, au nord-ouest de Mamoudzou. Un sujet, en lien avec la nécessaire accessibilité aérienne de l’île, la moins bonne en Outre-mer, dont les premières études remontent à 2019 et pour lesquelles l’État a mobilisé 9 millions d’euros.
Cette fois-ci, les nouvelles études de faisabilité ont fait surgir de nouvelles contraintes pour l’option jusqu’ici principale d’un rallongement de la piste actuelle de l’aéroport Marcel Henry à Pamandzi. Et pas des moindres. D’après les entourages des ministres Patrice Vergriete (Transports) et Marie Guévenoux (Outre-mer), la découverte en 2018 d’un volcan sous-marin au large sud-est de l’archipel, ajouté à la multiplication des épisodes de submersions marines, de grandes marées, de hausse du niveau de la mer (2,2 mètres sur 100 ans) et de l’activité sismo-volcanique remettent en question la « pérennisation du site actuel », et font craindre « l’inexploitabilité graduelle de l’aéroport à partir de 2035 ».
Impertinent donc avec le cahier des charges qui entoure ce rallongement de la piste, à savoir une meilleure desserte de l’archipel, un lien direct et permanent avec Paris et l’Hexagone et la croissance du trafic. À ce sujet, un rallongement de Pamandzi permettrait à termes d’accueillir 900 000 passagers annuels, quand les ambitions affichent 1,2 millions. En outre, le rallongement de la piste de Pamandzi, ou plus concrètement la construction d’une piste convergente, mobiliserait 9 ans de travaux pour 1,1 milliard d’euros, contre les 200 millions annoncés jusqu’ici.
Cause de ce surcoût : l’adaptation aux nouvelles donnes environnementales citées plus haut, et qui impliquerait par exemple, une impérieuse surélévation de la piste de 5 à 8 mètres pour que celle-ci ne soit pas submergée. Sans compter que cette piste convergente de 2 600 mètres ne permettrait pas d’accueillir de gros porteurs tels que les A350-1000 ou les A330-900 et que sa construction mettra en pause la desserte directe vers et depuis Paris, de même qu’une élévation de la piste actuelle entraînerait 18 mois de travaux et donc, la fermeture du trafic aérien sur une même période.
« On n’est pas capables techniquement de protéger l’ensemble de la piste » ajoute-t-on du côté du Ministère des Transports, où l’on assure que même surélevée, les nouvelles donnes environnementales pourraient tout de même submerger une partie de la piste.
L’option la plus viable serait donc la construction d’un nouvel aéroport à Bouyouni, au nord-ouest de Mamoudzou, entre Longoni et Tsingoni. Si pour cette option, tout est à construire, elle a au moins le mérite, d’après l’État, d’offrir à Mayotte une accessibilité aérienne à long-terme, avec moins de risques, une durée de travaux similaire mais qui n’empiètera pas sur le trafic aérien. Et si la « faisabilité technique de ce projet » demeure un « défi », on met toutefois en avant un défi « pas bridé » de contraintes environnementales.
Pour l’heure, pas de décision, mais des concertations et une « phase de dialogue » qui débute. « On tire les conclusions des études techniques » qui sont sans appel : le rallongement de Pamandzi « n’est pas raisonnable ». « Ce serait bâtir sur du sable », insiste le Ministère des Transports, tandis que l’option Bouyouni permet de « construire une infrastructure résiliente ». Désormais, le gouvernement, qui se dit toujours mobilisé sur ce sujet, appelle à « construire une vision partagée pour une solution viable », à commencer par un calendrier qui commence par la reprise localement des Copil, en attendant la finalisation des études, puisque la réunion de ce mardi matin était une première étape.
Quant à l'avenir de l'aéroport de Pamandzi en Petite-Terre si l'option de Bouyouni venait à être actée, les études menées ne l'ont pas encore traité. « Les différentes options doivent être co-construites entre l'État et les élus puis soumises à la consultation des Mahorais », explique-t-on du côté du Ministère des Transports. À l'inverse, de premières études d'accessibilité de l'aéroport de Bouyouni ont été conduites (rétablissement de la RD2, mise en place d'une desserte par navettes maritimes, etc.) « sans qu'elles ne soient conclusives à ce stade ». « Les premières orientations devront être consolidées puis partagées avec les élus et la population », conclut-on.