CCI France et ACCIOM à l’Élysée : un échange stratégique sur l’avenir économique des Outre-mer

© DR

CCI France et ACCIOM à l’Élysée : un échange stratégique sur l’avenir économique des Outre-mer

Réunis autour d’Alain Di Crescenzo, président de CCI France, et de Patrick Vial-Collet, président de la CCI de Guadeloupe et de l’ACCIOM, les représentants consulaires des Outre-mer ont rencontré, à l’Élysée, les conseillers de la Présidence de la République Guillaume Vuilletet, Grégoire Potton et Déobal Gobin.

 

Au cœur des échanges : la pérennité du modèle économique ultramarin et la nécessité de préserver les dispositifs structurants tels que la LODEOM, les exonérations sociales et les aides à l’investissement productif.

Un dialogue stratégique et constructif

Dans un contexte économique marqué par une perte de confiance des chefs d’entreprise et des fragilités persistantes dans les territoires, CCI France et l’Association des CCI des Outre-mer (ACCIOM) ont plaidé pour une trajectoire budgétaire claire, lisible et concertée.
Alain Di Crescenzo a rappelé d’entrée de jeu « la gravité des difficultés économiques rencontrées » et alerté sur « un niveau de confiance des entrepreneurs historiquement bas ». Il a également souligné que si la taxe pour frais de chambres (TCCI) venait à baisser davantage, une majorité d’établissements se retrouverait en situation de cessation de paiement.

Une voix unie des Outre-mer

Autour de Patrick Vial-Collet (Guadeloupe), Angèle Dormoy (Saint-Martin), Pierrick Robert (Réunion), Carine Sinaï-Bossou (Guyane) et Olivier Huygues Despointes (Martinique), les présidents de CCI ont porté une parole commune : celle d’un réseau économique engagé, lucide sur les difficultés mais résolument tourné vers l’action.

Deux priorités se sont rapidement imposées dans les échanges :

 -Le maintien des aides à l’investissement productif, essentielles à la modernisation et à la compétitivité des entreprises ;

-La préservation de la LODEOM, pilier du modèle économique ultramarin et levier majeur pour l’emploi.

Ces deux leviers, selon les représentants consulaires, conditionnent la survie même du tissu économique dans des territoires déjà fragilisés par les coûts structurels, la rareté des compétences et la volatilité des marchés.

 Des témoignages territoriaux forts

Les interventions des présidents de CCI ont mis en lumière les réalités contrastées mais convergentes des Outre-mer.

À Saint-Martin, Angèle Dormoy a évoqué une reprise économique « encourageante mais fragile » : « Nos commerçants réalisent leur chiffre d’affaires sur cinq mois cruciaux. Si les exonérations sont réduites, c’est un surcoût moyen de 18 000 € par entreprise », a-t-elle alerté, évoquant aussi « trois suicides de chefs d’entreprise recensés cette année — un signal d’alarme fort ».

En Guyane, Carine Sinaï-Bossou a insisté sur la fragilité du tissu des TPE, confrontées à la hausse du fret et à la pénurie de main-d’œuvre. « La LODEOM et les exonérations sociales jouent un rôle d’amortisseur indispensable. Sans elles, on renforce les activités illégales déjà présentes », a-t-elle averti.

À La Réunion, Pierrick Robert a soulevé la question persistante des délais de paiement, tout en soulignant l’inquiétude croissante des entreprises face aux incertitudes budgétaires du PLF et du PLFSS.

En Martinique, Olivier Huygues Despointes a dénoncé les effets cumulatifs de la baisse des aides fiscales, de la concurrence des plateformes en ligne et de l’instabilité institutionnelle : « Le projet de loi Valls est déconnecté des réalités ultramarines et destructeur pour les petites entreprises locales. »

Des perspectives partagées

Le constat est unanime : la situation économique ultramarine est préoccupante. Les coupes envisagées dans le PLFSS et la remise en cause partielle de la LODEOM pourraient déséquilibrer des milliers d’entreprises et fragiliser durablement les CCI, acteurs de proximité au cœur de la relance.

Tous les participants ont convenu de la nécessité d’un dialogue structuré et durable entre l’État et les acteurs économiques, pour redonner confiance, visibilité et stabilité.