Au bout d’un long suspense, la présidente sortante de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a été réélue avec 220 voix, venant de la coalition présidentielle, de la Droite républicaine, de quelques députés de Liot et vraisemblablement deux voix du RN.
« Cette élection m’oblige, peut-être plus que jamais », a déclaré celle qui, en 2022, est devenue la première femme élue présidente de l’Assemblée nationale. « Chacun d'entre vous, vous avez porté une voix singulière et je voudrais que vous sachiez à quel point je m'engage à travailler avec chacun d'entre vous » a-t-elle ajouté.
Débuté à 15h ce jeudi, le scrutin s’est révélé incertain, avec pas moins de cinq candidatures au premier tour : Yaël Braun-Pivet pour Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance), André Chassaigne pour le Nouveau Front Populaire, Sébastien Chenu pour le RN, Philippe Juvin pour la Droite républicaine, Naïma Moutchou pour Horizons et Charles de Courson pour Liot. Et c’est le candidat de la gauche, André Chassaigne, qui est arrivé en tête du premier avec 200.
Après les retraits de Naïma Moutchou et Philippe Juvin au second, la présidente sortante est revenue au score avec 210 voix, rassemblant ainsi les voix de la droite. Au troisième tour, et après le désistement de Charles de Courson, la candidate du parti présidentiel l’a finalement emporté sur le candidat du NFP qui a recueilli 207 voix. Sébastien Chenu en a obtenu 141.
« C’est une bonne nouvelle pour la camp républicain et démocrate », a commenté le député EPR de Nouvelle-Calédonie, Nicolas Metzdorf. « Ça préfigure ce que devra être le futur gouvernement. On a vu de quel côté se situait la majorité relative à l’Assemblée nationale, il faut que le gouvernement corresponde » a ajouté le député qui souligne aussi une forme de « continuité » pour le dossier calédonien, bien que « ce n’est pas elle qui pilote le dossier. C’est surtout une continuité pour l’Assemblée nationale ».
Au centre de toutes les hypothèses de ralliement, le groupe a finalement appelé à la liberté de vote de ses parlementaires, bien que son candidat Charles de Courson se soit montré virulent au second tour, à la perspective d’une victoire de Yaël Braun-Pivet. « Ce sont les 577 députés qui ont fait l’élection » a estimé le député Liot de Guadeloupe, Olivier Serva. « Chacun a pu s’exprimer selon ses sensibilités. Personnellement j’ai une sensibilité de gauche, mais je suis aussi un démocrate, je respecte le vote qui s’est exprimé ce soir ».
« Le peuple s’est exprimé en ne donnant aucune majorité à qui que ce soit », a poursuivi le député de Guadeloupe qui « prend acte » du discours de la présidente réélue « qui dit (…) qu’elle veut travailler avec l’ensemble des composantes ». Quant à l’influence du vote sur le choix d’un Premier ministre, pour Olivier Serva, « ce n’est pas la question du qui, mais plutôt du quoi ». « Quel projet pour la France » s’interroge le député citant les questions liées au pouvoir d’achat, à la sécurité, ou encore la continuité territoriale.
« Il aura fallu peu de voix pour que cette présidence échappe à André Chassaigne » a déploré la co-présidente du groupe GDR, dépuée de La Réunion, Émeline K/Bidi. « On se doutait que les voix de la droite s’allieraient avec celle de la macronie pour redonner le perchoir à Yaël Braun-Pivet » fustige la députée qui souligne aussi les deux voix RN qui manquaient au candidat Chenu, et les « 17 ministres démissionnaires » qui « hier encore n’auraient pas pu siéger ».
« Ce n’est pas le peuple qui gagne dans l’hémicycle une fois de plus. Et on veillera à ce que ce ne soit pas le cas » pour Matignon, a assuré le député Frédéric Maillot. « Il faudra que le NFP arrive à s’entendre pour pouvoir proposer un nom à Emmanuel Macron et qu’enfin, le peuple gagne ». « On ne peut pas faire comme-ci il n’y avait pas eu d’élections législatives il y a quelques jours, on ne peut pas faire comme-ci la macronie n’avait pas été défaite » s’agace encore la députée Émeline K/Bidi, considérant cette élection de « déni de démocratie ».
Pour la députée PS de Martinique Béatrice Bellay, la victoire de Yaël Braun-Pivet « ne semble pas correspondre à ce que les électrices et les électeurs attendaient : un changement, une rupture ». « On ne peut pas avoir fait tout ça pour ça. Emmanuel Macron doit prendre ses responsabilités » et « nommer un Premier ministre du Nouveau Front Populaire ».