Air Antilles et Air Guyane: une liquidation probable et des conséquences sur les prix et la desserte

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Air Antilles et Air Guyane: une liquidation probable et des conséquences sur les prix et la desserte

Le conflit social chez Air Antilles et Air Guyane s'enlise, faisant planer le spectre de la liquidation de cet acteur du transport aérien caribéen et craindre l'enclavement des îles de la région comme la flambée des prix des liaisons entre elles.


Les pilotes grévistes de ces deux filiales de la Compagnie aérienne interrégionale express (Caire) réclament depuis le 14 juillet les revalorisations salariales accordées à l'issue d'un conflit précédent, en décembre dernier, et qui selon eux n'ont pas été honorées.

Le PDG du groupe, Eric Koury, oppose à ces exigences l'endettement de l'entreprise. Il a déposé auprès du tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre une demande de mise en cessation de paiement et en liquidation judiciaire de l'entreprise qui sera examinée mercredi.
La grève, démarrée durant les grandes vacances, laisse de nombreux voyageurs sans solution dans les îles caribéennes, que la compagnie relie depuis la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane.
Un hélicoptère a dû être être affrété pour desservir certaines communes guyanaises isolées, selon la chaîne Guyane la Première.

Air Antilles, la plus importante des deux filiales, est la seule compagnie aérienne à desservir les îles caribéennes non françaises depuis la Guadeloupe et la Martinique.  Elle est la tête de pont de l'alliance CaribSky, financée par des fonds européens. Mais ce partenariat bat de l'aile depuis qu'une autre compagnie, la Liat, a fermé ses portes en 2020 et que Winair, troisième acteur de CaribSky, a également connu des difficultés après la pandémie de Covid-19.

Les tarifs en jeu 

En 2020, avec d'autres collectivités d'outre-mer, la Région Guadeloupe avait participé au sauvetage financier de la compagnie Corsair, qui dessert plusieurs départements ultramarins depuis Paris.

Cette fois, le président de la région Guadeloupe, Ary Chalus, estime qu'il ne faut pas "toujours penser aux collectivités (...) pour injecter de l'argent" dans une entreprise "privée". Il souligne cependant avoir "entamé depuis quelques mois des échanges avec les Etats membres de l'Organisation des Etats de la Caraïbe orientale (OECO) sur l'avenir de l'aérien au niveau régional".

 «Tout doit être fait pour préserver les 300 emplois qui sont en jeu", fait valoir de son côté le sénateur de la Guadeloupe Victorin Lurel (PS), qui espère voir "créer à terme une nouvelle compagnie aérienne caribéenne".

Car la chute d'Air Antilles et d'Air Guyane ferait drastiquement augmenter les prix des billets en réduisant le nombre d'acteurs, y compris sur la desserte des territoires français, selon plusieurs sources politiques et économiques.
Or les prix sont déjà élevés, à la suite d'une entente sur des "hausses de tarifs, de baisse d'offre et sa répartition" entre plusieurs compagnies relevée en mars par l'Autorité de la concurrence dans un communiqué.

Depuis le 26 juillet, une médiation entre la direction et le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) a lieu sous l'égide des services de l'Etat. Mais les négociations avancent peu.
"Nous sommes à un niveau plancher de nos revendications, nous ne pouvons pas descendre plus bas", explique  Brieuc Hardy, du SNPL, qui réclame environ 15% d'augmentation de rémunérations qui sont, selon son syndicat, "parmi les plus basses du marché".

Une telle demande serait "insupportable pour l'entreprise", rétorque le PDG de la compagnie, déjà endettée en raison des aides d'Etat perçues durant la pandémie. Des difficultés économiques contestées par les syndicats.

Avec AFP