Un peu moins de passagers, mais dépensant davantage : la compagnie aérienne Corsair a annoncé lundi avoir plus que décuplé son bénéfice lors de son exercice décalé 2024-2025, y voyant la validation de sa stratégie de montée en gamme.
Le transporteur français, spécialisé dans les liaisons ultramarines (Antilles, La Réunion et Mayotte) et africaines -dont l'île Maurice et Madagascar-, a dégagé « plus de 15,2 millions d'euros » de bénéfice net entre le 1er octobre 2024 et le 30 septembre 2025, contre 1,1 million lors de l'exercice précédent, qui marquait son premier retour dans le vert depuis 2017.
Le bénéfice d'exploitation a lui aussi « très fortement » progressé à 26,4 millions d'euros, après 3 millions un an plus tôt, a précisé à l'AFP le PDG de la compagnie, Pascal de Izaguirre.
Le chiffre d'affaires s'est quant à lui inscrit en hausse de 1,6% à 712 millions d'euros, malgré une baisse de 6% des rotations due à la fin de la liaison vers Montréal, mais aussi aux tensions sociales aux Antilles et au cyclone dévastateur Chido à Mayotte.
La compagnie a transporté 1,4 million de personnes contre 1,45 un an plus tôt. Selon les statistiques 2024 de la Direction générale de l'aviation civile, Corsair pointe à la cinquième place des transporteurs aériens français, derrière Air France, Transavia, Air Corsica et sa concurrente Air Caraïbes.
Corsair a réussi à faire augmenter le coefficient de remplissage de ses avions à 86%, une hausse de 2,4 points sur un an, et bénéficié d'une hausse des prix moyens des billets, grâce au « réel succès » des classes à l'avant de l'appareil (affaires et premium), a argumenté le PDG.
La compagnie, qui dessert au quotidien Pointe-à-Pitre, Fort-de-France, Saint-Denis de La Réunion et Abidjan, veut poursuivre sa stratégie de montée en gamme en étoffant ses services aux voyageurs comme l'enregistrement des bagages hors des aéroports.
Attente d'une décision de Bruxelles
Corsair, qui exploitait encore avant la crise du Covid-19 de vieux Boeing 747, a aussi dit avoir amélioré sa performance opérationnelle avec une flotte très récente de neuf appareils du même type, des long-courriers Airbus A330neo.
Pour l'exercice en cours, Corsair, qui constate une « demande assez robuste », espère à nouveau des « résultats financiers significativement positifs », avec toutefois une attention à la « dérive très forte des coûts d'entretien » des avions, ainsi qu'aux « tensions géopolitiques », a prévenu Pascal de Izaguirre.
Corsair, dernière compagnie française à relier le Mali, en courte escale vers le Bénin, « suit la situation au jour le jour » dans ce pays fragilisé par une insurrection jihadiste. « Si ça se dégrade, on en tirera les conséquences », mais « pour l'instant les informations que nous avons ne nous ont pas conduit à suspendre la desserte », a ajouté le dirigeant.
Celui-ci a par ailleurs réitéré sa « confiance » quant à l'issue de l'enquête approfondie lancée en février 2024 par la Commission européenne sur son plan de restructuration modifié. En décembre 2020, dans le contexte de la crise du Covid, Bruxelles avait approuvé un plan de restructuration de la compagnie alors en difficulté, assorti de mesures de soutien de l'État pour un montant total de 136,9 millions d'euros.
Mais fin 2023, la France avait présenté à la Commission des modifications à ce plan, incluant « des ajustements des instruments de financement existants ainsi que des incitations fiscales supplémentaires ». De l'issue de ce dossier dépendra l'entrée en vigueur du nouveau tour de table de Corsair, qui avait annoncé en septembre 2024 l'arrivée du PDG du groupe agro-industriel Advens, Abbas Jaber, avec 40% du capital.
Outre Abbas Jaber, les autres actionnaires, dans cette configuration, seront un consortium d'entrepreneurs principalement ultramarins dont certains déjà présents au capital (52%) et une société d'économie mixte du département de la Guadeloupe (8%).
Avec AFP























