La grève des pilotes d'Air Antilles et Air Guyane est entrée mardi dans son 11e jour, menant le groupe aux 300 salariés au bord de la cessation de paiement, a annoncé son PDG.
« Les actionnaires étaient prêts à recapitaliser le groupe, mais désormais la confiance est perdue, et tout le monde recule », a indiqué à l'AFP Éric Koury, le PDG du groupe Caire qui entend déposer auprès du tribunal une cessation de paiement. La grève des deux compagnies qui opèrent entre les Antilles et la Guyane devait initialement durer du 14 au 19 juillet.
Les pilotes réclament des « revalorisations salariales » accordées à l'issue d'une grève précédente en décembre 2022 et qui selon eux n'ont pas été honorées. « L'ensemble des engagements pris n'a pas été respecté », dénonce dans un communiqué du 7 juillet leur syndicat, le Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL).
Ils fustigent un « manque de considération des demandes des salariés », une « dégradation du climat social (...) qui n'a cessé de se détériorer depuis plus de 20 ans » et des « incertitudes » relatives aux rémunérations des pilotes « parmi les plus basses du marché ».
De son côté, la direction fait valoir une augmentation de 5,5% accordée aux pilotes, « qui désormais demandent d'appliquer une augmentation totale de 20 %, plus un allongement des heures forfaitaires, ce qui revient à augmenter les coûts salariaux de 40 % pour l'entreprise », a déclaré Éric Koury. Le dirigeant déplore que « les grévistes n'entendent pas l'impossibilité d'accéder à ces demandes dans le contexte de restructuration » de sa flotte de 16 avions, dont l'activité a été impactée par la crise du Covid.
« Nous allons arrêter tous les vols caribéens à destination des îles étrangères (que la compagnie est la seule à desservir depuis les territoires français, ndlr) pour nous recentrer sur les îles françaises » annonce également le PDG du groupe basé à Point-à-Pitre, qui précise que 60 à 70 % des vols restent assurés, malgré la grève.
Interrogé par Radio Peyi, le dirigeant a expliqué qu’outre cette grève, la compagnie a été gravement impactée par la crise sanitaire, durant laquelle elle n'a réalisé que 50% de son chiffre d'affaires sur cette période. « Elle a donc été très endettée, générant des PGE (Prêts garantis de l’État), des dettes fiscales, sociales ... ». En octobre 2022, la compagnie Air Guyane avait bénéficié d'une Délégation de service publique (DSP) améliorée de dix millions d'euros (8,5 millions d'euros de la CTG et 1,5 million d'euros de l'État).
En 2023, l'entreprise est rentrée dans une phase de reprise, et des négociations ont été engagées avec l'État, « nous étions sur le point de mettre en place un plan de restructuration de notre dette pour garantir la pérennité de l'entreprise » relate le PDG de la compagnie. Mais il fallait démontrer que l'entreprise est capable de se renflouer. « Pour sauver les 300 emplois, ce n'est pas le moment de faire des grèves » regrette-t-il.
Pour rappel, la première grève a eu lieu aux Antilles en décembre 2022. Aujourd'hui, un préavis de grève a été déposé aux Antilles, par un autre Syndicat des PNC (Personnel navigant commercial) comprenant les hôtesses de l'air et stewards.
Avec AFP et Radio Peyi