Pacifique : L’IEOM annonce « un changement de dimension de politique monétaire en réponse à la crise et de récentes décisions en faveur d’une politique durablement accommodante »

Pacifique : L’IEOM annonce « un changement de dimension de politique monétaire en réponse à la crise et de récentes décisions en faveur d’une politique durablement accommodante »

Le siège de l’IEOM à Papeete ©IEOM

Lors de sa réunion du 16 décembre 2020, le Conseil de Surveillance de l’Insitut d’Émission d’Outre-mer a pris de nouvelles décisions de politique monétaire en faveur des Collectivités françaises du Pacifique, en réponse à la seconde vague de la pandémie. Cette réunion clôture un rythme annuel exceptionnel de réunions du Conseil de Surveillance de l’IEOM qui se sont tenues, pour la première fois de son histoire, à 5 reprises en 2020. C’est l’occasion d’interroger Marie-Anne Poussin-Delmas, la directrice générale de l’IEOM.

En quoi la politique monétaire de l’IEOM a-t-elle changé ?

Ce qui me semble important de rappeler, c’est que l’IEOM met en œuvre la politique monétaire de l’État dans la zone Pacifique, avec pour objectif de favoriser le développement de l’économie des trois territoires et de contribuer à la stabilité financière, tout en assurant la modération des prix et du coût du crédit dans sa zone d’intervention.

Les établissements de crédit de la zone F CFP ont accès à la liquidité en monnaie centrale via leurs comptes ouverts dans les livres de l’IEOM. C’est par ces comptes que transite la politique monétaire de l’IEOM et cette politique s’est profondément modernisée depuis 15 mois. Compte tenu de la parité fixe existant avec l’euro, cette politique modernisée s’inspire bien sûr de celle de la Banque centrale européenne, mais avec des spécificités adaptées aux besoins des territoires français du Pacifique.

En 2020, c’est d’abord le potentiel de refinancement des établissements de crédit qui a été élargi aux crédits aux entreprises de plus de 7 ans et aux crédits immobiliers aux particuliers. Cet élargissement renforce leurs possibilités de recourir aux instruments de politique monétaire de l’IEOM.

De plus, jusqu’à fin 2019, la durée maximale des financements apportés par l’IEOM aux banques locales se limitait à une semaine, avec un renouvellement hebdomadaire. Ces durées ont été portées à six mois dès décembre 2019, puis à douze, vingt-quatre et même trente-six mois en 2020, soit une durée maximale supérieure aux concours actuels de la BCE. Cet allongement de durée renforce la stabilité des ressources des banques, nécessaire à leurs propres opérations de crédit, et leur donne la visibilité dont elles ont besoin, en réponse à une crise sanitaire et économique de grande ampleur.

Au total, en l’espace de douze mois, de décembre 2019 à décembre 2020, l’IEOM a multiplié par plus de 10 le volume de ses re-financements en faveur des établissements bancaires installés dans la zone F CFP, puisque ces refinancements sont passés de 13 milliards FCFP [109 millions d’€] à 143 milliards FCFP [1,2 milliards d’€].

En quoi cette nouvelle politique monétaire est-elle adaptée aux besoins des COM du Pacifique ?

Le Conseil de Surveillance de l’IEOM, qui décide de la politique monétaire de la zone F CFP, associe l’État (DGT & DGOM), la Banque de France et un représentant de chacun des territoires qui sont donc pleinement associés aux décisions de politique monétaire de la zone F CFP.

Marie-Anne Poussin Delmas, dirigeante des Instituts d'Émission d'Outre-mer (IEDOM / IEOM)

Marie-Anne Poussin Delmas, dirigeante des Instituts d’Émission d’Outre-mer (IEDOM / IEOM)

En 2020, les échanges au sein du Conseil ont fait ressortir, au-delà d’une augmentation des volumes de refinancement, un besoin de nouveaux instruments de maturité longue, ce qui a été fait, mais aussi le besoin de conserver l’outil traditionnel de refinancement de l’IEOM, qui est le réescompte de crédit. Cet instrument permet aux entreprises de bénéficier d’un taux de sortie capé, tout en apportant aux établissements de crédit de la liquidité pour les financer. Cet instrument, spécifique à l’IEOM, est une réponse concrète aux besoins des petites entreprises qui constituent la très grande majorité du tissu économique.

Quelles sont les dernières décisions de politique monétaire ?

Dans la mesure où la crise sanitaire s’est installée dans la durée, l’IEOM a allongé la maturité de ses financements en privilégiant désormais les maturités les plus longues (36 mois). Il s’agit d’accompagner, dans la durée, les dispositifs de soutien sans précédent mis en œuvre par l’État et par les collectivités françaises d’outre-mer du Pacifique au bénéfice des ménages et des entreprises en permettant aux banques de disposer de la ressource pour le faire.

C’est pourquoi le Conseil de Surveillance de l’IEOM, qui s’est réuni le 16 décembre, a souhaité donner de la visibilité aux acteurs bancaires en annonçant, en réponse à la seconde vague de la pandémie, le lancement de nouvelles lignes de refinancement à intervalles trimestriels. Cette politique monétaire accommodante pourra être maintenue aussi longtemps que le nécessitera la situation économique des COM du Pacifique.

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