Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a prôné jeudi «une grande fermeté» face aux actions en Nouvelle-Calédonie menées par des opposants à la vente d’une usine de nickel à un consortium mené par Trafigura, et déploré avoir été mis à l’écart d’une offre concurrente.
«Je n’aime pas le bazar, je ne souhaite pas le bazar et je ferai tout pour qu’il n’y ait pas de bazar», a affirmé le ministre lors d’une audition à l’Assemblée nationale par la délégation aux Outre-mer. «Et pour qu’il n’y ait pas bazar, il faut que l’Etat soit fort par la réponse à l’ordre public», a-t-il prévenu, après le blocage des accès au gouvernement local et à la province Sud par des militants opposés à la vente, par le groupe brésilien Vale, de son usine métallurgique de nickel et de cobalt à un consortium calédonien et international, dans lequel le suisse Trafigura, géant du négoce de matières premières, détient 25%. «On sera présent, que personne ne se fasse d’illusions là-dessus. Je ne laisserai pas faire n’importe quoi», a-t-il prévenu, assurant avoir «donné des instructions de grande fermeté au Commissaire».
Le collectif «usine du sud: usine pays» et l’Ican (Instance coutumière autochtone de négociations) a multiplié depuis une semaine les actions pour s’opposer à la vente. Les forces de l’ordre sont intervenues mardi pour disperser des militants. Les militants défendent une offre concurrente, qui n’a pas été retenue par Vale, portée par Korea Zinc et la société financière de la province Nord. Le projet prévoit 56% de participation publique calédonienne.
Lors de son intervention, M. Lecornu a déploré que l’Etat ait été «mis à l’écart» de cette offre concurrente. «Elle m’a été communiquée quelques heures avant la fin du délai de négociation entre Vale et les éventuels repreneurs», a-t-il affirmé, s’étonnant que personne ne lui en ait parlé pendant son récent séjour en Nouvelle-Calédonie.
«Je trouve bizarre d’appeler à l’Etat alors que je suis parti», a-t-il déclaré. «Maintenant, on a des troubles de l’ordre public importants, des manifestations qui demandent à ce que l’Etat intervienne, alors que pendant des mois on a tenu l’Etat à l’écart de cette offre de reprise».
Le ministre, qui plaide pour le dialogue, demande désormais «à ce que les offres soient connues de tout le monde», afin de regarder «ce qu’elles contiennent».