Le ministre de la Culture et de l’Environnement de Polynésie française a officiellement déposé ce mardi le dossier de candidature des îles Marquises au Patrimoine mondial de l’Humanité, auprès de l’Ambassadrice de France à l’UNESCO. Des missions scientifiques doivent débuter en septembre, avant le passage de la candidature devant le Comité du Patrimoine mondial en juillet prochain.
C’est l’épilogue d’un travail de longue haleine, initié en 1993 et repris il y a 8 ans, qui s’est clôturé ce mardi 24 janvier à Paris. Après quatre auditions du Comité français du Patrimoine et plusieurs années de travail sur cette candidature « complexe », mixte car à la fois nature et culture, et en série : le dossier des îles Marquises a finalement été déposé sur le bureau de l’Ambassadrice de France à l’UNESCO, Véronique Roger-Lacan, et signé par cette dernière.
« Il y a eu énormément de travail pour répondre à la fois aux exigences de l’UNESCO et aussi aux recommandations du Comité français » confie le ministre de la Culture en Polynésie, Heremoana Maamaatuaiahutapu. « On a finalisé le dossier dans sa version comprenant les études scientifiques, le plan de gestion, les annexes, les plans géographiques, … Mais ce n’est pas tout à fait fini car dans le délai qu’il nous reste avant la séance plénière, nous allons accueillir les missions scientifiques qui vont être envoyées par l’UNESCO pour vérifier sur le terrain tout ce que l’on a écrit dans ce dossier ».
Ces missions scientifiques auront lieu en septembre et en octobre. « Comme c’est un bien culturel et naturel, les deux organismes d’évaluation, l’un spécialisé sur le culturel (ICOMOS), l’un spécialisé sur le naturel (IUCN) vont se rendre sur place (…) et à leur retour, un dialogue s’installe avec le porteur du bien et ensuite, ils émettent leurs recommandations », à savoir : inscription au Patrimoine mondial, renvoi au prochain comité, recommandation de différé ou tout simplement, non inscription. Ces recommandations sont tenues secrètes jusqu’à six semaines avant la réunion du Comité du Patrimoine mondial, ajoute Véronique Roger-Lacan.
La montagne Pelée de Martinique en juillet prochain
« On est assez confiant », glisse le ministre polynésien, qui souligne la rigoureuse procédure française pour l’inscription d’un bien au Patrimoine mondial. « Quand la France présente un dossier, c’est qu’elle est convaincue qu’un bien peut être inscrit au Patrimoine mondial » abonde l’Ambassadrice, qui salue « un dossier qui montre toute cette valeur culturelle pour les îles Marquises en elles-mêmes mais aussi pour la Métropole ».
En attendant, le ministre Heremoana Maamaatuaiahutapu ne cache pas sa « satisfaction » d’avoir, avec les maires de l’archipel, porté ce dossier jusqu’ici. « Chaque fois que je venais défendre ce dossier, j’avais l’impression de repasser mes soutenances de mémoire devant un jury à l’Université », confie-t-il. Du stress bien évidemment face à l’ampleur du travail à réaliser et à la complexité du dossier. « C’est avec fierté et humilité que l’on vient remettre ce dossier », aboutissement d’ « une somme de travail culturel et scientifique énorme ».
Pour patienter jusqu’à 2024, il faudra se tourner vers la Martinique qui, elle aussi, porte une candidature à l’UNESCO : les volcans et forêts de la montagne Pelée et des pitons du Nord de la Martinique, pour être précis. La candidature devait passer devant le Comité du Patrimoine mondial l'an dernier mais la séance de 2022, initialement présidée par la Russie, a été reportée à 2023. Pour la Martinique, les missions scientifiques ont déjà eu lieu, et les recommandations qui en découlent demeurent donc secrètes.