En visite deux semaines dans la cité-État, le président a répondu à l’invitation de l’antenne singapourienne du Club Med, parti de Polynésie voilà 15 ans, et qui n’a plus aucun resort dans le Pacifique. Les responsables asiatiques du groupe, réorienté vers le haut de gamme ces dernières années, n’ont pas directement parlé d’une réinstallation mais le sujet devrait continuer d’être « exploré » dans les prochains mois. Précisions avec notre partenaire Radio 1.
Déjà une semaine de visite, et une autre est à venir pour Moetai Brotherson et sa délégation à Singapour. Le président, ces deux derniers jours, a été à la rencontre de représentants de l’industrie alimentaire – notamment l’épicerie – pour évoquer l’exportation de coco ou de thon, s’est entretenu avec les responsables locaux du géant français du transport maritime CMA CGM, a fait une soirée avec les expatriés polynésiens du pays, a eu le droit à une démonstration de l’école locale de ‘ori tahiti dirigée par Béatrice Caisson… Et a même fait un détour à Hong-Kong pour visiter un complexe hôtelier qui pourrait inspirer le développement de Raiatea.
Mais Moetai Brotherson, qui a gardé le portefeuille du tourisme et des relations extérieures au sein du gouvernement, a surtout répondu à l’invitation de l’antenne locale du groupe Club Med. Un acteur bien connu du tourisme avec ses resorts mondiaux et ses 1,5 millions de clients par an… Mais qui n’a plus aucune présence dans le Pacifique. Le groupe avait pourtant été un des pionniers du tourisme en Polynésie, avec son site de Moorea, lancé dans les années 60 et fermé au début des années 2000 suite à un désaccord financier avec les propriétaires fonciers. L’autre implantation du « Club », à Bora Bora, avait fermé ses portes en 2009, en pleine crise économique. Le groupe international a depuis beaucoup évolué. Aujourd’hui contrôlé par le conglomérat chinois Fosun International, il s’est éloigné des camps à l’ambiance populaire de ses débuts pour se repositionner sur le marché des vacances haut de gamme.
Un marché dans lequel la Polynésie retrouve de l’intérêt, du fait de son succès ces dernières années. « Le Club Med Singapour souhaite retrouver un rôle potentiel en articulant sa stratégie autour de « la libre interprétation du luxe », écrit la présidence dans un communiqué. Aucun engagement, aucun projet concret n’a, a priori, été évoqué avec l’antenne locale du groupe, dont le siège est toujours situé à Paris. Mais le Club Med a mis en avant auprès du président du gouvernement son « expertise reconnue dans la création d’expériences de vacances haut de gamme », sa « vaste base de clients internationaux pouvant contribuer à accroître la visibilité et l’attrait de la Polynésie française en tant que destination touristique ». Des discussions ont donc été ouvertes sur « la promotion de la destination polynésienne » et « l’exploration de partenariats pour la mise en place de nouvelles installations touristiques » au fenua.
Ce n’est pas la première fois qu’un retour du Club Med est évoqué. En 2019, la ministre du Tourisme Nicole Bouteau s’était entretenue à Paris avec la direction du groupe pour lui « présenter les bonnes performances du tourisme polynésien et l’intérêt de voir un opérateur prestigieux se réimplanter en Polynésie ». Des échanges salués des deux côtés de la table, mais qui n’ont, à l’heure actuelle, rien donné.
Par Charlie René pour Radio 1