La nouvelle branche gazière du groupe Moux, Mana ito, a reçu ce vendredi à la marina Cowan de Hitiaa sa première livraison de gaz. 2700 tonnes déchargées par pipeline, stockées dans le centre construit ces derniers mois côté montagne… Le gaz sera ensuite commercialisé, dès ce mois d’octobre, dans des bouteilles légères sous la marque ManaGaz. Un premier concurrent depuis plusieurs décennies pour Gaz de Tahiti. Détails avec notre partenaire Radio 1.
Du monde sur les quais de la petite marina Cowan, ce vendredi après-midi. On y croise des travailleurs aux t-shirts Shell ou Mana Ito, la branche gazière du groupe Moux relancée en 2016 et renommée en 2020, le Tavana Henri Flohr et quelques autre notables de Hitia’a, une bonne partie de la police municipale qui sécurise l’endroit, ou encore des agents de la PAF ou de la Biosécurité, à pied d’œuvre. Un comité d’accueil formé pour un navire : le Epic Saint-Vincent, un tanker d’une compagnie de transport singapourienne arrivant tout droit de Malaisie.
À bord du gazier, qui mouille à quelques centaines de mètres des quais, 2700 tonnes de gaz, déchargées entre vendredi et samedi grâce à un tuyau souple qui vient jusqu’au navire puis un pipeline de 300 mètre enterré pour traverser la route. Une technologie « très bien maitrisée », assurent les dirigeants du groupe, qui l’utilisent dans certaines autres filiales du Pacifique, notamment à Fidji. Au bout du pipeline, côté montagne, le centre de stockage de Mana Ito, et ses 3000 tonnes de capacité, construit ces 15 derniers mois. Le site reçoit donc, entre ce vendredi et ce samedi, sa première livraison. Ce qui lui permettra de mettre en route son usine de mise en bonbonne dès la semaine prochaine.
Une revanche à prendre sur Gaz de Tahiti
Cette livraison et cette entrée en opération, le groupe l’attendait depuis longtemps. « C’est une première, et c’est historique, insiste Patrick Moux, directeur général de Mana ito, qui observe les opérations en se félicitant que le gazier n’ait pas à « slalomer » comme ceux qui rentre dans le chenal de la passe de Taaone, plus étroite. C’est le premier butanier qui vient concurrencer l’opérateur historique, et ça fait plus de 30 ans que mon père attend ce moment là. Donc c’est assez spécial pour lui ».
Albert Moux est d’ailleurs lui aussi sur les quais pour observer cette arrivée. Le patron de Pacific Energy et du réseau Shell Polynésie avait investi dans le gaz avant même de mettre les pieds dans le pétrole, en 1984. Polygaz, dont la famille Siu, déjà concurrente, était une des actionnaires, avait vécu « 20 ans d’exploitation à perte » avant d’être revendu à Gaz de Tahiti pour un franc symbolique. Un empire pétrolier plus tard, le patron de Shell avait glissé une pièce de un franc, tout aussi symbolique, dans la première pierre du centre de stockage d’Hitiaa, début 2023. Le message était déjà clair : l’heure de la revanche a sonné.
« Comme on l’a fait pour la téléphonie »
Car le groupe Moux ne le cache pas, il a l’intention de « secouer le marché ». « Comme on l’a fait dans la téléphonie », insiste Patrick Moux. Mana Ito, qui va commercialiser sous la marquer ManaGaz a commencé depuis plusieurs semaines déjà une campagne de teasing puis de promotion, vantant ses bouteilles « légères, propres et pratiques » en matériau « composite ». Un type de produits qui a déjà été exploré par Gaz de Tahiti avec ses Big māmā, mais il s’agit surtout de s’attaquer au cœur de marché du concurrent : les bouteilles de propane en acier. ManaGaz a aussi communiqué sur son système de raccordement des bonbonnes « click and play », là aussi plus pratique que les détendeurs à visser. Mais c’est surtout sur le prix que le combat devrait se fixer.
En 2023, le groupe Moux annonçait « 200 francs de moins sur la bouteille » et ses dirigeants assurent aujourd’hui que la différence – à volume équivalent – pourrait être encore plus marquée. « On va secouer le marché, offrir le vrai prix aux Polynésiens, sans opacité », insiste Patrick Moux. Comment ? Grâce notamment au réseau de Pacific Energy, explique son père Albert : « Ce gaz, il vient pas du Pacifique, d’Australie. Il vient carrément de Malaisie. On a pris des quantités importantes, on a un gros stockage de 3000 tonnes, et comme on est dans le secteur de l’hydrocarbures, pour nous c’est facile de négocier des prix sur le marché à Singapour, de trouver des prix compétitifs… On n’est pas nouveau ».
Patrick Moux, habitué des annonces tonitruantes, prévoit un rendez-vous médiatique « juste avant le lancement » des offres ManaGaz pour parler des prix, des produits, de « révélations croustillantes » sur les « pratiques du marché », ou des « opportunités que présente le gaz pour l’industrie ». La date ? « Avant Noël », rigole-t-il. Son père Albert, plus terre à terre sur la communication, parle d’un lancement « d’ici 10 jours, peut-être moins ».
Par Radio 1