Le Paul Gauguin fêtait ce samedi ses 25 ans. Une cérémonie était organisée à bord, avant un feu d’artifice sur la rade de Papeete. Le navire va collaborer avec la Direction de la santé en mettant à disposition ses équipes et son matériel médical lors de ses passages dans les îles éloignées. Hervé Gastinel, le président de Ponant, verrait bien en Polynésie le voilier du futur zéro émission qu’il s’apprête à mettre en chantier. Précisions avec notre partenaire Radio 1.
C’est un peu un monument polynésien qui fêtait ce samedi ses 25 ans : le Paul Gauguin, seul navire de croisière créé spécialement pour la Polynésie, est cher au cœur des Polynésiens comme peut l’être la compagnie au tiare : un emblème pour le Pays entier, dont le nouvel armateur Ponant préserve le caractère polynésien – avec tout de même un drapeau breton à la proue, clin d’œil à François Pinault. Une chance pour le navire, racheté en 2019 juste avant la crise sanitaire, qu’il n’aurait sans doute pas pu traverser si facilement sans être adossé à cet acteur de poids dans le petit monde très concurrentiel de la croisière de luxe. L’armateur n’a pas de raison de s’en plaindre : le Paul Gauguin est systématiquement classé par les médias spécialisés parmi les meilleurs « small ships » de croisière au monde.
Refait à neuf à Singapour en 2021 (ii s’y rend tous les deux ans, l’occasion pour la compagnie de proposer des croisières vers Fidji, Singapour et la Papouasi Nouvelle-Guinée), le Paul Gauguin a fière allure. Pour son commandant Michel Quioc, qui a pris la barre du navire il y a un an et demi, le navire reste idéalement dimensionné pour faire découvrir la Polynésie : avec 5,30m de tirant d’eau, il peut se glisser dans de nombreuses passes et baies du fenua. Les faibles distances entre les îles en font une exception dans le monde de la croisière sur le plan environnemental, explique-t-il.
Pour renforcer son image de bon élève de l’environnement, Ponant met en place le concept de « green corridor » (couloir vert), dans lequel tous les partenaires d’une croisière (compagnies aériennes, hôtels, prestataires…) s’engagent à limiter leur empreinte carbone. Un partenariat dans ce sens est sur le point d’être signé avec Air Tahiti Nui et InterContinental. Ponant vise, entre autres, le « zéro plastique à usage unique », une réduction de 30% des émissions de CO2 d’ici 2030 et « zéro net émission » en 2050.
Sa taille modeste à l’heure des géants des mers est aussi un atout sur le plan humain, souligne son commandant : 214 membres d’équipage pour 330 passagers assurent au Paul Gauguin non seulement un positionnement luxe mais aussi une réputation de chaleur humaine : « Au bout de sept jours, on connaît tout le monde, c’est vraiment agréable », dit Michel Quioc. La clientèle reste majoritairement américaine, et parmi les Européens ce sont les Allemands, les Suisses et les Français qui sont les plus représentés.
Opération « Taote Gauguin »
Samedi soir, parmi les invités, on notait la présence du ministre de la Santé Cédric Mercadal. Le Paul Gauguin collabore désormais avec la Direction de la santé, en mettant bénévolement à la disposition du Pays ses médecins, infirmiers et matériels pour les populations les plus isolées. C’est, disent fièrement les responsables, « une première mondiale ». Le Dr Bruno Sicard, médecin-chef de la compagnie du Ponant, était présent pour l’occasion.
Le voilier du futur en Polynésie ?
Le président de Ponant, Hervé Gastinel, est en Polynésie pour fêter cet anniversaire et découvrir les Marquises à bord du navire. Si le projet pré-Covid de plus petites unités pour la Polynésie a été suspendu, Ponant a annoncé le mois dernier sa volonté de construire, d’ici 2030, le voilier du futur, un navire transocéanique de 180 mètres qui vise la neutralité carbone « en navigation, en manœuvre, au port et au mouillage » : 50% de propulsion vélique, le reste étant assuré par une pile à hydrogène liquide, et pour les autres besoins énergétiques, une autre pile à hydrogène et 1 000 mètres carrés de panneaux solaires. Le chantier naval doit être choisi dans les prochains mois. Hervé Gastinel verrait bien, dit-il, ce type de navire dans les eaux polynésiennes.
Par Caroline Perdrix pour Radio 1