Polynésie : Des sacs écologiques en fibres de bananiers « made in fenua »

Ayana Champot et Ioteve Mendiola sont les fondateurs de Biobase Tahiti ©Radio 1 Tahiti / Lucie Rabreaud

Polynésie : Des sacs écologiques en fibres de bananiers « made in fenua »

Ayana Champot et Ioteve Mendiola ont lancé Biobase Tahiti, une société qui propose des emballages éco-responsables, entièrement « made in fenua ». La première gamme de « biobags », en fibre de bananier, vient de sortir. Un reportage de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

C’est en se promenant sur la plage que l’idée est née. En voyant tous ces emballages plastiques traîner dans la nature, Ayana Champot et Ioteve Mendiola commencent à réfléchir pour proposer une alternative. « Pourquoi nos plages sont tellement encombrées par ça ? On s’est dit qu’on allait se lancer et trouver des solutions », explique le couple. Après plus d’un an de recherche avec différentes fibres locales, dans leur cuisine avec mixeur et casserole, ils ont finalisé la recette presque parfaite. 

« La fibre de canne à sucre, celle d’ananas, de coco et de bananier : j’ai fait des tests avec toutes ces fibres car ce sont des déchets des secteurs agricoles aujourd’hui. C’est aussi l’intérêt de mettre en place une économie circulaire en utilisant des fibres déjà produites et jetées ou très peu exploitées », explique Ayana Champot. Et c’est le bananier qui a fourni le meilleur résultat, d’où l’emblème de la marque de ces « biobags » de différents formats. « C’est la fibre la plus solide et le bananier contient énormément de glucose, ce qui permet de lier les fibres sans devoir ajouter d’additifs, ce qui rend le sac complètement biodégradable ».  

©Biobase Tahiti

Tout est utilisé ou presque sur le bananier : tronc et palmes sont broyés, mis à cuire pendant un certain temps puis, une fois mixée, la pâte obtenue est travaillée et séchée pour la fabrication des emballages. Ayana Champot et Ioteve Mendiola se sont inspirés du processus de fabrication du papier artisanal. Il a fallu du temps et surtout beaucoup de tests pour arriver à la bonne recette. 

Pour le moment, les emballages proposés restent à un prix élevé et le couple travaille sur une solution pour les rendre plus accessibles : produire en masse et baisser leur coût de fabrication. Sans perdre de vue leur objectif : remplacer les produits d’emballages biodégradables importés en produits « made in fenua ». « Avec nos ressources, on peut satisfaire notre marché », assure Ayana, qui précise qu’ils ont passé un accord avec un agriculteur pour racheter ses déchets de bananiers.

©Radio 1 Tahiti / LR 

Aujourd’hui, la toute nouvelle entreprise polynésienne, Biobase Tahiti, propose donc ces premiers « biobags » et en fabrique sur commande. Un complexe hôtelier a acheté leur première production au tout début du mois d’avril. « Un challenge » et « un symbole » de commencer comme ça : « On ne s’attendait pas à un succès aussi rapide et qu’autant de personnes se sentent concernées par le projet. C’est encourageant, ça nous donne la force de continuer et la motivation de s’améliorer ». 

Tout est fait à la main, de manière artisanale mais le couple espère trouver un atelier pour développer sa petite entreprise, élargir sa gamme et sa production et utiliser d’autres fibres pour d’autres produits. Le plus gros biobag peut contenir jusqu’à 6 kilos, il peut supporter la pluie mais il se dégrade aussi rapidement sans impact négatif sur la nature. Le couple cherche un biochimiste qui pourrait intégrer l’équipe pour continuer leurs recherches.

Lucie Rabreaud pour Radio 1 Tahiti