Polynésie : Air Tahiti Nui au ralenti dans un contexte sanitaire dégradé

Polynésie : Air Tahiti Nui au ralenti dans un contexte sanitaire dégradé

Michel Monvoisin, PDG de la compagnie Air Tahiti Nui, était l'invité de BFM Business afin d'évoquer la situation financière de la compagnie aérienne polynésienne. Si la compagnie bénéficiait d'une excellente santé à l'arrivée de la crise, son emprise dans la durée pourrait être source de difficultés.

Air Tahiti Nui, iconique compagnie aérienne de la Polynésie française, est naturellement axée sur les vols long-courriers, en raison de sa situation géographique et de son insularité. Or, depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, les vols long-courriers sont, de loin, les plus impactés, avec des pertes moyennes entre 70% et 80% de fréquentation. De plus, la compagnie polynésienne forte de 4 appareils long-courrier, reçus en 2018 et 2019, dessert les destinations de Los Angeles, Paris, Tokyo, et la Nouvelle-Zélande. Or, le Japon et la Nouvelle-Zélande sont deux nations ayant opté pour une stratégie “Covid-free”, impliquant une fermeture hermétique des frontières, et donc, des vols.

Une situation compliquée qui a amené la compagnie à demander le soutien de son actionnaire principal, le Collectivité de Polynésie française, tandis qu'un plan de départ volontaire était lancé au sein de l'entreprise avec pour objectif de réduire de 20% sa masse salariale. Un plan couronné de succès qui a permis d'atteindre le but fixé par la direction, avec 134 départs en 2020 dont 117 volontaires.

Si la compagnie bénéficiait d'une excellente situation à l'entrée dans la crise, puisqu'elle sortait de 7 exercices bénéficiaires, d'une flotte renouvelée avec des Boeing 787 “Dreamliner”, connus comme étant parmi les avions les plus économiques produits actuellement et qui ont permis une baisse de 30% de l'empreinte carbone de l'entreprise, la fermeture de deux de ses quatre destinations et la situation sanitaire extrêmement difficile en Polynésie mènent à une baisse de fréquentation importante. Ainsi, à l'image des compagnies Corsair ou Air Caraïbes, elles aussi affiliées aux transports vers les territoires ultramarins, Air Tahiti Nui aura besoin d'aide de l'État au-delà du 30 septembre 2021.

Michel Monvoisin, PDG de la compagnie Air Tahiti Nui, revenait sur ce point au micro de BFM Business. “On est tous dans la même situation. Alors chaque compagnie a un cas particulier, la différence pour nous, c'est qu'on a un statut particulier, un statut d'autonomie Pays, donc on n'a pas pu bénéficier du chômage partiel puisque le chômage n'est pas indemnisé en Polynésie. Nous avons eu des aides de notre actionnaire principale, la Collectivité de Polynésie française qui a réagi très vite, qui a mis en place un dispositif de sauvegarde d'emploi sur de la réduction de temps de travail, mais ce n'était pas au niveau du chômage partiel. (…) On a bénéficié des aides nationales, prêt garanti par l'état, aide aux coûts fixes, plans de solidarité”.

Ainsi, malgré la situation financière favorable avant la pandémie, la compagnie n'est pas garantie de sortir indemne si la crise sanitaire venait à perdurer. La situation sanitaire extrêmement compliquée en Polynésie, la fermeture de 2 des 4 destinations de la compagnie, les taux de remplissages toujours inférieurs aux attentes, pourraient à terme plomber le bilan de l'entreprise si la situation venait à perdurer trop longtemps.

On pensait faire un bel été” a également confié Michel Monvoisin, mais la grave dégradation sanitaire de la Polynésie et le retour au confinement en a voulu autrement. “Nous sommes toujours en discussion pour des compléments d'aides de l'État” a-t-il poursuivi. La compagnie, première entreprise polynésienne en termes de chiffre d'affaires et deuxième en termes de masse salariale derrière la compagnie domestique privée Air Tahiti, attend notamment une restructuration de son capital avec la possibilité d'entrée dans son actionnariat d'un opérateur national, “pour consolider les fonds propres”. 

Damien Chaillot