Paris 2024 : Associations et surfeurs de Teahupo’o toujours pas convaincus par la tour des juges allégée

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Paris 2024 : Associations et surfeurs de Teahupo’o toujours pas convaincus par la tour des juges allégée

A en croire une nouvelle vidéo postée sur les réseaux sociaux, les associations et surfeurs locaux ne sont toujours pas convaincus par la nouvelle tour des juges, allégée face à la contestation. Le surfeur tahitien Matahi Drollet a publié une nouvelle vidéo pour faire entendre son mécontentement et maintenir la pression. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti. 

« Ils nous ont menti ». Face caméra, dos au chantier de l’embouchure de la Tiirahi à Teahupo’o, Matahi Drollet a lancé un nouvel appel à s’opposer au projet de tour des juges de Teahupo’o. Une opposition qu’il avait largement participé à ébruiter, mi-octobre, avec une première vidéo qui aurait été visionnée « plus de 20 millions de fois ».

Depuis, le gouvernement de Moetai Brotherson et le comité Paris 2024 ont missionné des experts pour trouver une « solution consensuelle » sur cet édifice jugé indispensable pour organiser l’épreuve de surf des JO de 2024. Et présenté la « solution » aux opposants au projet, le 15 novembre dernier : une tour en alu, moins lourde, moins spacieuse, accueillant moins de monde et dont les fondations sont moins profondes… mais avec toujours une nécessité de repercer le platier.

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Les militants n’avaient pas tout de suite réagi publiquement à cette nouvelle version du projet. Mais les réunions de la semaine dernière, au sein de l’association Vai Ara o Teahupo’o et du collectif Mata ara ia Teahupo’o, qui rassemble plus largement des surfeurs, résidents ou professionnels du PK0, l’avaient confirmé : la pilule n’est pas passée.

Coral Gardeners à la relance 

Matahi Drollet, fort de ses 200 000 followers, se fait donc encore une fois le porte-parole du mouvement en mettant en garde contre les « nouvelles positives » sur cette tour allégée qui ont circulé dans les médias internationaux ces derniers jours. « Nous ne sommes pas satisfaits de cette décision et nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour la faire changer », écrit le surfeur de gros. « Ils ont apporté quelques petites modifications au projet mais au final, après des dizaines de réunions, des centaines d’heures de travail et d’investigation, nous avons l’impression d’être revenus au point de départ. C’est triste et injuste car une fois de plus la nature va perdre une autre bataille ».

L’objectif reste le même : obtenir des organisateurs de l’épreuve olympique l’utilisation de la tour en bois montée chaque année par la WSL pour la Tahiti Pro, et donc éviter tout nouveau forage sur le platier. Pour appuyer son propos, le vainqueur des trials 2023 filme les fonds récifaux à « l’endroit exact » où doivent être installées les nouvelles fondations, donne la parole à Mati Hoffman, qui a « participé à l’installation » de la tour en bois et qui garantit qu’il est « impossible de creuser 12 nouvelles fondations sans détruire le récif », ou encore à Titouan Bernicot. « Ce projet aura un impact sur le récif de Teahupo’o » explique le fondateur et président de Coral Gardeners, qui jouit d’une importante notoriété et de beaucoup de contacts à l’international. « Difficile de prédire les conséquences, mais il y aura un impact ».

Une tour « pas logique » pour Kelly Slater

Il s’agit donc de maintenir la pression sur les autorités. Matahi Drollet interpelle le Pays et le comité organisateur en leur demandant de rendre publiques les expertises qui ont éliminé la possibilité de réutiliser les anciennes fondations -trop « fragiles », en raison notamment de la corrosion- et la tour en bois -« impossible à homologuer » faute de documentation technique. « Est ce que vous essayez de cacher quelque chose ? », interroge le surfeur, qui s’adresse aussi à Moetai Brotherson.

Au président, qui s’était rendu courant octobre sur le site en sa compagnie, il reproche d’avoir conseillé à Anne Hidalgo ne pas se rendre à Teahupo’o -c’est en tout cas ce que la maire de Paris prétend sur les plateaux de télévision- du fait de la virulence du mouvement. « Triste pour la communauté », pointe Matahi Drollet. Surtout, le surfeur interpelle Emmanuel Macron et le ministre de l’Environnement national -Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique- pour s’emparer eux-mêmes du dossier. 

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Une prise de position qui semble partagée par l’association Vai ara o Teahupo’o, celle qui avait lancé la pétition qui a recueilli plus de 160 000 signatures à l’international. Ou par le collectif Mata Ara ia Teahupo’o, formé autour de celle-ci pour rassembler plus largement des résidents, surfeurs et pêcheurs du PK0 et qui avait appelé à manifester le 15 octobre.

Le message de Matahi Drollet a déjà reçu le soutien de plusieurs figures du monde du surf, et notamment celui de Kelly Slater : « Il n’est pas logique d’avoir besoin d’une tour aussi gigantesque pour un événement de deux jours en une seule fois », écrit le multiple champion du monde, et grand habitué de Teahupo’o. « Donnez l’argent à l’infrastructure locale de la ville pour tous les dommages causés par la modification de la rivière qui a causé des inondations plus tôt cette année. Les juges peuvent monter sur cette tour. Ou reconstruire sur la même base ».

Charlie René pour Radio 1 Tahiti