La ville d’Auckland en Nouvelle-Zélande. Ville la plus peuplée de l’archipel
Le plan anti-armes, lancé il y a près de 6 mois, vient de s’achever en Nouvelle-Zélande avec plus de 56 000 armes à feu récoltées. Un plan mis en place après la tuerie visant deux mosquées de Christchurch, qui avait fait 51 morts au mois de mars dernier.
Possédez-vous une arme ? Si Oui, vous aviez la possibilité de la remettre à la police, qui vous l’aurait remboursé sans poser de questions : ni sur la personne qui vous l’aurait vendue, ni sur son usage. Les propriétaires qui apportaient leurs armes à la police étaient défrayés et amnistiés. C’était le dispositif ambitieux mis en place par le gouvernement néo-zélandais cette année, après l’attentat qui avait visé deux mosquées de la ville de Christchurch, sur l’Île du Sud.
Ce massacre, commis par un suprémaciste blanc qui avait utilisé cinq armes, dont deux fusils semi-automatiques de type militaire (MSSA), avait été filmé et diffusé en direct sur Facebook, provoquant une onde de choc dans un archipel connu pour sa tolérance, sa faible criminalité et sa tradition d’accueil.
Le bilan du dispositif vient d’être donné par le ministre de la Police, Stuart Nash, dans une déclaration publiée quelques heures avant la fin du programme, et celui-ci fait état de 56 350 armes à feu et environ 190 000 pièces détachées récoltées. Selon le ministre, ces armes appartenaient à 31 650 propriétaires, qui ont reçu des compensations totalisant 100 millions de dollars NZ (environ 60 M€) pour s’être conformés à la loi. Selon Nash, les chiffres sont des chiffres préliminaires qui seront mis à jour en janvier.
Pour l’heure, il est difficile de parler d’un succès. Le Conseil des propriétaires d’armes à feu estime en effet que 170 000 armes semi-automatiques étaient en circulation dans le pays avant qu’elles ne soient bannies. La police néo-zélandaise n’a pas confirmé ce chiffre et déclare même ne pas connaître la quantité d’armes semi-automatiques en circulation.
Le commissaire-adjoint de la police Mike Clement a déclaré que l’exercice logistique était sans précédent, du fait que les forces de l’ordre n’ont eu que 3 mois pour mettre en place les processus et pour commencer à discuter avec les différents propriétaires d’armes à feu. En effet, la police s’est également rendue dans plus de 270 maisons où les gens avaient de nombreuses armes ou qui avaient du mal à se rendre à un poste.
« Nous avons également précisé qu’il y avait des options d’exemption s’ils remplissaient les critères pour conserver leur arme à feu sous le permis P ». Cela signifiait que les propriétaires d’armes à feu admissibles à modifier et à conserver leurs armes à des fins « sentimentales » ou comme « outil de travail » pouvaient s’adresser à l’un des 37 armuriers officiels. Cela a conduit à 2 717 armes à feu modifiées et rendues légales.
Le gouvernement de la Première ministre Jacinda Ardern souhaite durcir les conditions d’obtention du permis de port d’armes en créant notamment un registre répertoriant l’ensemble des pièces vendues dans le pays afin de savoir précisément où se trouve chaque arme. De plus, une interdiction de posséder des armes à feu devrait viser les personnes avec des problèmes de santé mentale ou qui ont par exemple tenté de se suicider, mais aussi les personnes condamnées pour des crimes violents ou celles faisant la promotion de l’extrémisme.
Les attentats de Christchurch sont une série d’attaques terroristes commise le 15 mars 2019 contre deux mosquées de la ville de Christchurch, en Nouvelle-Zélande et qui ont fait 51 morts et 49 blessés. Cette tuerie est considérée comme la plus meurtrière commise en Nouvelle-Zélande en temps de paix.
Charles Baudry