La progression de l’obésité juvénile en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française fait peser des risques sanitaires et économiques sur ces territoires, alerte leurs chambres des comptes, qui recommandent des « actions plus volontaires », notamment pour encadrer l’alimentation et favoriser la pratique sportive. Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
« Les causes et les enjeux sanitaires et sociaux associés à cette maladie […] appellent aujourd’hui des politiques publiques plus ambitieuses, mieux organisées et systématiquement évaluées », soulignent les chambres territoriales des comptes (CTC) de Polynésie française et de Nouvelle-Calédonie dans un rapport.
En 2022, 23 % des jeunes de 18 à 24 ans étaient concernés par l’obésité en Nouvelle-Calédonie tandis qu’en Polynésie française, la prévalence atteignait 41 % en 2019. Dans l’Hexagone, ce taux était de 9 % pour la même tranche d’âge, rappellent les CTC. Parmi les principales causes : une alimentation déséquilibrée, riche en produits ultra-transformés et en boissons sucrées, ainsi qu’une activité physique insuffisante.
En Polynésie, « 46 % des élèves de 13 à 17 ans boivent des sodas gazeux sucrés au moins une fois par jour » tandis qu’en Nouvelle-Calédonie, « un tiers des jeunes de 10 à 18 ans consomment quotidiennement des boissons et aliments sucrés ou salés en dehors des repas ».
Un coût très élevé sur le Caillou
Le rapport s’inquiète également de l’impact économique de cette épidémie, alors que les deux collectivités du Pacifique disposent d’une autonomie fiscale et économique pour agir. Ainsi, la CTC de Nouvelle-Calédonie estime à 25 millions d’euros le « coût direct de l’obésité » pour le territoire (soit près de 3 milliards de francs). Un montant qui s'envole en revanche, si on en croit Claude Gambey, le membre du gouvernement en charge de la santé, qui le chiffre, lui, à entre 10 et 30 milliards de francs par an.
« La prévention de l’obésité en faveur des jeunes, aux âges où se construisent des choix et des comportements fondamentaux, aura des effets bénéfiques à long terme sur leur santé et sur les coûts associés à la prise en charge et au traitement de cette maladie », insiste la Cour qui relaie les recommandations des deux chambres.
Étiquetage nutritionnel sur les produits
Selon elle, la priorité consiste à renforcer la prévention « par des actions plus volontaires ». Elle recommande de réglementer la teneur en sucre des produits alimentaires importés, d’imposer un étiquetage nutritionnel et d’encadrer, dès 2026, la commercialisation des produits « jugés néfastes » aux abords des établissements scolaires. Le rapport appelle aussi à promouvoir l’activité physique à destination des jeunes, notamment en développant l’offre sportive en accès libre.
Pour autant, depuis le 1er janvier, la Polynésie française a renforcé sa fiscalité sur les produits sucrés. La Nouvelle-Calédonie a, elle, mis en place en septembre 2024 une taxe sur le sucre et les produits sucrés.
Les Nouvelles Calédoniennes