Des délégations du secteur sont attendues à Paris la semaine prochaine pour des échanges sur la situation et le futur de la filière nickel, à la suite de la visite officielle du président de la République sur le territoire, qui s’est accompagné de la publication du rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) sur le secteur minier calédonien. Karl Therby, PDG de la SMSP était l’invité de nos partenaires de CALEDONIA pour évoquer le sujet avant son départ pour l’Hexagone.
Quelles perspectives pour la filière nickel, ce sera l’axe de discussion lors de la rencontre prévue à Paris en ce début de mois de septembre, où les acteurs du secteur minier ont été invités par le gouvernement français. Dans le rapport demandé par le ministère à l’IGF sur la gestion de la ressource et ses perspectives, l’exportation du minerai y est définie comme une solution viable et porteuse pour les usines calédoniennes. Une solution loin de faire l’unanimité et qui suscite le débat.
Pour rappel, le code minier est le texte qui définit aujourd’hui le cadre des exportations, prévoyant que seuls les produits d’une teneur en nickel inférieur à 2,2 % sont autoriséS à l’export. Dans ce contexte, on observe 2 modèles distincts sur le territoire. Le premier, celui de groupes miniers tournés uniquement vers l’extraction et l’exportation du minerai brut à une liste de clients autorisés, représentés par 4 acteurs en Nouvelle-Calédonie : NMC, SMT, NKM, SMGM Dans son rapport, l’IGF note des résultats « systématiquement bénéficiaires » pour cette catégorie.
Le second, le modèle offshore, porté par la SMSP, qui exporte son minerai vers une usine en Corée du Sud dont elle est actionnaire à 51%, où le minerai est transformé. L’entité profite alors de dividendes supplémentaires à l’issue de l’année d’exploitation. Ici, l’IGF pointe du doigt un modèle qui ne crée pas davantage d’emplois qu’un modèle purement exportateur.
Karl Therby, PDG de la SMSP, était interrogé par CALEDONIA au sujet de ces deux typologies et leurs particularités : « La SMSP, on n'est pas opposé à l’export, mais on est pour une certaine forme d’export. C’est-à-dire pour une forme qu’on appelle offshore (…) concernant le sujet de l’export pour les usines métallurgiques, une usine métallurgique ne doit pas perdre d’argent, et l’export ne doit pas être un moyen de cacher certaines raisons ou certaines causes de déficit structurels de certaines usines. L’export n’est pas la solution, il faut aller chercher les raisons pour lesquelles les usines ne sont pas bénéficiaires aujourd’hui ».
En revanche, le PDG de la SMSP s’oppose à la vision de l’IGF, concernant l’inefficacité du modèle économique offshore : « Quand NMC envoie une tonne de nickel en Corée, on a le chiffre d’affaires de la vente de cette tonne, comme si on exportait vers des fondeurs étrangers, sauf que si on exportait vers des fondeurs étrangers, ça s’arrêterait là. Notre modèle offshore lui, a permis depuis 2009 de rapatrier 11 milliards de Francs Pacifique à travers les dividendes sur le résultat de notre usine en Corée. Après, si les gens estiment que ce n’est pas supérieur, je n’ai pas grand-chose à ajouter ».
Une approche que Karl Therby compte défendre à l’occasion des échanges prévus à Paris la semaine prochaine : « Je vais défendre la stratégie que je viens d’expliquer, qui est un principe économique de base, qui est l’intégration verticale au profit des collectivités publiques. Le minerai n’est pas un bien comme un autre, c’est un bien qui appartient aux Calédoniens. Donc défendre la stratégie du groupe, pour laquelle j’ai été mis PDG ».
Damien Chaillot