Alors que bon nombre d’entreprises sont à l’arrêt durant le confinement, la présidente du MEDEF-NC prône un retour à l’activité dans le respect des gestes barrière et de l’obligation vaccinale. Une interview de notre partenaire Actu.NC
Actu.NC: Vous aviez affirmé début août que « l’économie calédonienne ne pourrait pas encaisser un troisième confinement strict », or nous y sommes. Comment les entreprises ont-elles accueilli le confinement et la mise sous cloche de bon nombre d’entre elles ?
Avec responsabilité, comme d’habitude, compte tenu de la situation sanitaire que traverse le pays. Pour autant, avec énormément d’inquiétudes, qui se sont confirmées. Aujourd’hui, une grande partie du tissu économique est à l’arrêt pour 15 jours avec très peu de visibilité sur les moyens de financer ce confinement. Je rappelle que les deux premiers nous ont coûté environ 1 milliard de francs par jour de confinement. On s’oriente sur la même chose, sans visibilité réelle sur les moyens réels de l’encaisser.
Aujourd’hui, seuls les commerces, sont autorisés à exercer par arrêté. Vous avez adressé un courrier au gouvernement demandant la « réouverture de tous les commerces et fournisseurs de services équipés en moyens de distanciation garantissant un accès restreint et sécurisé au public ». Quels sont vos arguments ?
Ce premier arrêté a été pris au moment où on pensait encore pouvoir contenir la vague épidémique. Cela pouvait se comprendre car on y était parvenu pendant les 2 premiers confinements. Mais lors d’un point presse, le Dr Thierry de Greslan a clairement dit que « le statut de Covid free n’était probablement plus atteignable ». Donc notre demande aujourd’hui, c’est de dire que « puisqu’il faut vivre avec le Covid, allons-y » d’autant que les commerces sont en capacité d’accueillir de façon sécurisée leurs clients et leur personnel. Aujourd’hui, il y a une grande inéquité de traitement entre commerçants puisque certains soi-disant essentiels restent ouverts en vendant des produits non essentiels, alors que d’autres dits spécialisés doivent fermer leur porte. C’est une grosse distorsion de concurrence. Et nous considérons que compte tenu du statut de l’épidémie, nous pourrions poursuivre nos activités en sécurité, mais de manière beaucoup plus large.
Comment cette proposition a-t-elle été accueillie par le gouvernement ?
Elle est clairement à l’étude. De toute façon, cette première période de confinement de 15 jours va nous permettre d’évaluer le statut de l’épidémie. Nous la respectons. A l’issue de cette période, des aménagements au confinement sont envisagés. Nous y travaillons actuellement avec le gouvernement.
La fin du Covid free représente-t-elle une opportunité pour les entreprises ?
C’est une étape pour la Nouvelle-Calédonie en général et pas uniquement pour les entreprises. Nous devons apprendre à vivre collectivement avec le virus ; c’est-à-dire changer nos habitudes, nos façons de faire, que ce soit dans l’entreprise ou à l’extérieur. C’est une étape qui concerne tous les Calédoniens. Et c’est de façon solidaire que nous pourrons la franchir le mieux possible.
Comment les entreprises doivent-elles faire face à l’obligation vaccinale ?
Nous avons des discussions en ce moment avec la DTE (Direction du travail et de l’emploi, ndlr) qui va prochainement clarifier ce point. Aujourd’hui, le chef d’entreprise est responsable de la santé et de la sécurité de ses salariés. Actuellement, en phase épidémique, cela implique probablement d’exiger la vaccination pour ses salariés au contact du public et potentiellement contaminables. Aujourd’hui, nous travaillons avec la DTE. Il y a une obligation pour tous les Calédoniens de plus de 18 ans de se faire vacciner. Cette obligation sera probablement étendue aux entreprises. Il sera de la responsabilité de chaque chef d’entreprise de l’annoncer à ses salariés en fonction de son activité.
Un délai a-t-il été fixé pour l’application de cette mesure au sein de l’entreprise ?
C’est une obligation immédiate dans la mesure où la santé des salariés peut être mise en jeu de manière immédiate.
Quelle est la prise en charge des malades du Co-vid-19 et des travailleurs cas contact placés en isolement ?
Aujourd’hui, à l’heure où je vous parle, un cas contact doit être déclaré par la DASS. Le salarié déclaré cas contact est en arrêt de travail et est aujourd’hui pris en charge par le RUAMM.
L’Etat vient d’annoncer la reconduction d’un certain nombre d’aides aux entreprises et l’élargissement à d’autres dans le cas de l’extension de l’état d’urgence sanitaire à la Nouvelle-Calédonie. Comment avez-vous accueilli cette annonce ?
Evidemment, c’est une bonne nouvelle. Le passage rapide de la Nouvelle-Calédonie à l’état d’urgence sanitaire permet de débloquer ces aides de l’Etat qui sont absolument nécessaires. Le PGE (prêt garanti par l’Etat) mais aussi les aides à la prise en charge des coûts fixes qui vont être aménagées à la structure spécifique de notre territoire et à la taille de nos entreprises. On attend des annonces sous peu. La province Sud a aussi réactivé ses aides. Evidemment, ce sont de bonnes nouvelles, mais il en faudra probablement d’autres car les entreprises sont à bout de souffle en termes de trésorerie. Dans ce contexte, notre priorité absolue est de sauvegarder l’emploi et l’activité.
Quelle est la stratégie sanitaire que vous préconisez pour soutenir l’activité économique ?
C’est d’inciter le plus vite rapidement tous les Calédoniens et notamment les salariés à se faire vacciner, de façon à pouvoir assurer une continuité économique dans la meilleure sécurité possible et une reprise de nos activités dès que possible. Il faut savoir que des plans de continuation d’activité sont déjà validés par la DASS dans un grand nombre d’activités. Aujourd’hui, les entreprises pourraient dans une très grande majorité reprendre leur activité de manière sécurisée mais encore faut-il avoir le personnel vacciné pour le faire...
L’unité des organisations patronales prévaut-elle toujours en cette période trouble ?
Nous sommes soudés. Cette responsabilité est étendue à tous. Syndicats patronaux, syndicats de salariés. Il y a une grande solidarité en faveur de la défense de l’emploi qui est notre objectif collectif. Aujourd’hui on va tous dans le même sens avec un grand sens des responsabilités.
Vous avez réactivé une cellule COVID du MEDEF-NC. A quoi sert-elle ?
Tout simplement à informer nos adhérents qui ont beaucoup de questions, encore pour la plupart sans réponse. Nous nous efforçons quotidiennement d’y répondre avec l’aide du gouvernement qui a réactivé sa cellule de communication qui se réunit les mardis et jeudis avec les représentants du monde économique, salariés et patrons, ce qui nous permet d’avancer et d’aider les chefs d’entreprise qui sont dans le doute à gérer les problèmes du quotidien.
On vous sent plutôt confiante malgré les difficultés...
Je dirais que je suis plutôt en mode combatif. Car c’est la solidarité, le courage et le travail qui nous aideront à passer cette crise. Si on baisse les bras, évidemment on n’y arrivera pas. L’idée, c’est d’être solidaire et responsable. Et c’est l’état d’esprit qui prévaut actuellement. Il faut faire de cette crise une opportunité pour la Nouvelle-Calédonie d’avancer.
Propos recueillis par Béryl Ziegler