La présidente du Medef NC, qui a récemment changé de logo pour celui du « Mouvement des Entreprises en Nouvelle-Calédonie », Mimsy Daly, était l’invité de nos partenaires de NC News pour évoquer plusieurs questions d’actualité économique. L’occasion d’évoquer plus particulièrement les problématiques d’inflation que connaît le territoire, dans un contexte de crise globalisée.
Crise interne avec la vente de l’Usine du Sud, crise sanitaire du Covid, crise Ukrainienne, sur fond d’incertitude institutionnelle, la Nouvelle-Calédonie fait face à de nombreux défis et son économie accuse le choc. À l’instar d’autres territoires ultramarins et plus particulièrement insulaires, le territoire fait face à une vague inflationniste particulièrement forte, face à laquelle les institutions locales, seule, ne sont pas en mesure de faire face, selon la présidente du Medef-NC.
Dans un contexte aussi difficile, se sont déroulés les premières années de mandature de Mimsy Daly à la tête du mouvement patronal. Une expérience qui reste, malgré les difficultés, « un moment très fort. On a été aussi amené à ressouder l’unité du monde patronal pendant cette période compliquée, parce qu’au-delà du Covid, les échéances institutionnelles nous ont mis au pied du mur sur notre politique économique, fiscale, sociétale ».
Depuis peu, le conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine a éclaté, dont les répercussions impactent l’ensemble des économies mondiale, et la Nouvelle-Calédonie n’y fait pas exception. Ce dernier rebondissement international est un nouveau coup dur pour le territoire, explique Mimsy Daly :
« Le constat général c’est qu’on a rarement vu pire en réalité, on ne pouvait pas imaginer dans nos pires cauchemars cumuler autant de problèmes dans un temps aussi court (…) Tout le monde est touché, les entreprises sont en première ligne parce qu’elles ne peuvent pas répercuter sur leurs coûts et leur prix de vente, les hausses auxquelles elles font face. Cela met les entreprises déjà fragiles à la sortie du Covid dans des situations parfois très très compliquées ».
L’un des effets les plus visibles est sans conteste la forte inflation qui touche tous les pays, mais plus particulièrement les territoires ultramarins et insulaire, en raison de leur dépendance à l’importation. Dans ce contexte, les institutions du territoire mettent en œuvre des stratégies de limitation de ses effets.
Une stratégie nécessaire, réalisé par les institutions, mais qui ne peut être qu’insuffisante au regard de l’ampleur de la crise, selon la présidente du Medef NC : « On fait ce qu’on peut, et avec les moyens qu’on a c’est très compliqué. On peut évidemment travailler sur des boucliers qualité-prix, sur les fruits et légumes, la viande, c’était une bonne chose. En revanche, face à la hausse des prix importés que nous connaissons, c’est extrêmement compliqué d’appliquer un contrôle des marges, d’appliquer des prix maximums parce qu’en réalité, la plupart du temps vous n’allez pas réussir à les faire respecter, donc vous allez tout simplement arrêter d’importer certains produits. Donc risque de pénurie, des choix sur les prix les moins chers possibles... »
Au final, même si l’effort est global, Mimsy Daly assène : « La Nouvelle-Calédonie n’a pas les moyens d’une politique massive contre l’inflation ».
Seul ressort, l’appel à l’aide de la France : Encore une fois nous nous tournons vers l’État et la solidarité nationale pour essayer de juguler un petit peu ces effets-là (…) La Nouvelle-Calédonie n’aura pas les moyen, seule, de faire face ».
Cependant, il ne s’agit pas de se reposer sur une aide venue de l’Hexagone, et le groupement des chefs d’entreprise souhaite apporter sa pierre à l’édifice, en proposant son expertise dans les échanges : « On essaye d’avoir l’approche qui est la plus pragmatique et la plus réaliste possible (…) Là où les efforts peuvent être fait sur les contrôles des prix, ils doivent être faits, mais il va falloir aider à un moment donné les entreprises à la source à réduire leurs coûts d’importation. Ça passe soit par des aides de l’État, soit la réduction de certaines taxes à l’importation, soit la mise en œuvre pour soutenir la consommation de chèques alimentaires ou carburants, qui sont de bonnes idées puisqu’elles permettent de toucher la partie de la population qui en aura le plus besoin ».
Et de conclure sur ce sujet : « Il ne faut pas uniquement penser que les entreprises vont pouvoir régler ce problème seule, cela n’est pas possible ».
Damien Chaillot
Pour retrouver l'interview complète ici : https://bit.ly/3Na5tAP