Le groupement NC ECO, mouvement des acteurs économiques de la Nouvelle-Calédonie, œuvre dans le projet de définition d'un axe de développement économique inclusif du territoire, en mettant l'identité calédonienne au cœur de ses réflexions. Un sujet abordé avec David Guyenne, représentant de NC ECO, sur le plateau de nos confrères de CALEDONIA.
Crée en octobre 2020 par l'association de représentants de l'ensemble des acteurs économiques territoriaux, Chambres consulaires, organisations patronales, syndicats professionnels ou encore cluster d'entreprises, NC ECO veut être le catalyseur objectif des aspirations économiques du territoire, prenant en compte la nécessité d'inclure les enjeux économiques et sociaux dans les discussions et les projets institutionnels de la Nouvelle-Calédonie. L'objectif affiché est de parvenir à la construction d'un modèle économique et social partagé, quel que soit l'avenir du territoire.
Dans ce cadre, et en cette période d'incertitude institutionnelle à moins de 2 semaines du référendum d'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie, David Guyenne, représentant de NC ECO, était sur le plateau de CALEDONIA afin de faire un point d'étape. Dans une volonté d'apporter un éclairage sur le débat des répercussions du OUI ou du NON au référendum, ECO NC avait sollicité les partis politiques du territoire afin d'obtenir leurs projets de sociétés. Cette sollicitation a obtenu peu de réponses, puisque seuls trois partis politiques ont répondu à cette requête, sur une dizaine de demandes.
À ce sujet, David Guyenne reste positif : “On a eu des réponses de Génération NC, des Républicains Calédoniens, et du Rassemblement”, affirme-t-il, tandis que d'autres partis politiques ont repoussé leur réponse à l'après-référendum. Cependant, le représentant de NC ECO se dit satisfait notamment de l'attitude du gouvernement Mapou, puisque “le fait de se référer et partager un certain nombre de thématiques dans son discours de politique générale avec NC ECO était plutôt de manière à nous rassurer sur le fait de pouvoir travailler ensemble le moment venu sur des thématiques qui sont chères à l'ensemble des Calédoniens”.
Dans sa volonté de dessiner un modèle économique et social pérenne intégrant l'ensemble des Calédoniens, malgré les fortes dissensions, exacerbées en cette période d'incertitude institutionnelle, l'un des axes de travail majeur de NC ECO réside dans la définition et l'inclusion de l'identité calédonienne. "On a travaillé avec de nombreux calédoniens, on a interrogé des jeunes calédoniens, qu'ils soient étudiants ou alternants, on a aussi travaillé avec des chefs d'entreprises, et on s'est aperçu que l'identité calédonienne a deux volets : il y a à la fois une identité personnelle, c'est-à-dire comment chaque Calédonien va construire son identité, et là, on va le travailler sous l'angle de la diversité, puisque la population calédonienne est multiple et diverse, et il y a l'identité calédonienne collective, et là, on va plutôt travailler sous l'angle de la citoyenneté. L'enjeu, c'est de savoir comment l'identité calédonienne des personnes, des individus, arrive à se retrouver dans l'identité collective”.
Un enjeu capital selon David Guyenne, “parce que les études montrent qu'un point de diversité dans une entreprise, ethnique ou genrée, génère une croissance de chiffre d'affaires de 3 à 9%, donc il y a un vrai impact économique, et d'autres études montrent qu'un collaborateur dans un environnement qui est dans l'inclusion et dans le respect des diversités est beaucoup plus productif et beaucoup plus épanoui”. Or, l'inclusion, l'acceptation et le partage des cultures se trouve être un moteur de croissance selon plusieurs études économiques, que prend en exemple le représentant de NC ECO.
“Quand on reprend le discours de politique générale de M. Mapou, qu'on partage sur certains points, on parle beaucoup de secteurs d'avenir, énergie, solaire, biodiversité, agriculture, et on sait qu'on aura besoin d'augmenter considérablement notre pool commun de compétences pour pouvoir arriver à faire émerger ces secteurs d'avenir, qui sont les seuls qui pourront porter la Calédonie de demain, et notamment son autonomie. Quand on a dit ça, ça veut dire qu'à la fois sur le court terme il va falloir accepter d'être attractif et de faire venir des talents qui vont nous aider à construire et à former nos jeunes calédoniens, mais aussi sur le moyen terme, comment on arrive à développer et maximiser le potentiel de compétence des Calédoniens, et là il faut qu'on puisse accepter un individu, à plusieurs niveaux, dans sa personnalité, sa construction, dans l'identité collective en ayant un degrés d'ouverture de notre citoyenneté”.
Une tâche qui peut sembler difficile tant les opinions et les volontés politiques semblent cristallisées à l'approche de la sortie des Accords de Nouméa. Loin d'y voir une fin en soi, David Guyenne y perçoit une réelle opportunité pour le territoire, et un marqueur identitaire fort. "Commencer à travailler sur une identité calédonienne ça n'attend pas, et effectivement cette identité calédonienne, il faut qu'elle puisse se servir de ses forces, de son ADN, on parle souvent de son esprit pionnier”. En cette période de décision d'importance capitale pour l'avenir du territoire, le représentant de NC ECO y voit “un projet commun, et ce projet permet d'intégrer tout le monde et de se tourner vers l'avant”.
Les disparités fortes du territoire et de sa population doivent être considérées là aussi comme une opportunité de réduction des inégalités et de destin commun : "Dans nos projets, on va aller chercher l'intégration et l'inclusion des tribus dans l'économie. L'économie des tribus c'est un axe majeur de réduction des inégalités, et surtout, c'est un axe majeur de construction de l'économie calédonienne, on chercher la valorisation des terres coutumières (…) Travailler avec les secteurs d'avenir qui vont nous permettre d'avancer, photovoltaïque, biodiversité, agriculture traditionnelle, crédit Carbone pour développer les sociétés tribales. Tout cela nous permet de dire qu'on a une convergence d'intérêt et d'opportunité, qui nécessite aussi de notre part de revoir nos outils de formation, les statuts de certaines entreprises, on parle notamment de l'économie sociale et solidaire qui n'existait pas avant, et donc on se doit de réadapter notre modèle de formation et notre modèle économique en fonction des objectifs que l'on a tous ensemble demain”.
Damien Chaillot