Nouvelle-Calédonie : L'État consent un nouveau prêt à la Société Le Nickel et lance une mission sur la filière nickel calédonienne

Mine de Népoui ©SLN

Nouvelle-Calédonie : L'État consent un nouveau prêt à la Société Le Nickel et lance une mission sur la filière nickel calédonienne

L'État va consentir un nouveau prêt de 40 millions d'euros à la Société Le Nickel (SLN) pour aider le premier employeur privé de Nouvelle-Calédonie à faire face à une « situation de trésorerie critique », ont annoncé lundi soir les Ministère de l'Économie, et de l’Intérieur et des Outre-mer. Une mission sur la filière nickel calédonienne a aussi été annoncée.

« En raison des difficultés opérationnelles et financières dues notamment aux problèmes rencontrés pour opérer les mines qui alimentent l’usine de Doniambo, au renchérissement de ses coûts d’approvisionnement en énergie et à des conditions météorologiques dégradées, la Société le Nickel (SLN), connaît une situation de trésorerie critique depuis plusieurs mois » a rappelé le communiqué commun des deux Ministères.

Par conséquent, « l'État a décidé d'apporter, en coordination avec (la maison-mère de l'entreprise, NDLR) Eramet, un nouveau soutien financier de court terme à la SLN, qui prendra la forme d'un prêt de 40 millions d'euros. L'État étudie la mise en place de sûretés sur des actifs de la SLN en contrepartie de ce prêt », a-t-on précisé.

Ce prêt d'urgence est justifié par « l'enjeu pour le territoire calédonien et du souhait de l'État de voir émerger une solution durable pour l'avenir du nickel en Nouvelle-Calédonie », selon la même source. La SLN avait évoqué le mois dernier un risque de « cessation de paiements », malgré un « plan de progrès d’urgence (PPU) destiné à réduire les coûts et préserver sa trésorerie à court terme » qui « n’a pas permis de résoudre les difficultés de trésorerie ». 

Eramet, qui est actionnaire à 56%, « continuera d'apporter son soutien à sa filiale via un élargissement de l'autorisation de découvert existante entre le groupe et sa filiale ». En revanche, « malgré les sollicitations, les deux autres actionnaires de la SLN, la STCPI, actionnaire à 34% de la société et représentant les provinces de Nouvelle-Calédonie et Nippon Steel, ont (...) refusé d'apporter un soutien financier à la SLN ».

L'État et Eramet avaient déjà accordé en 2016 à la SLN, qui emploie 2 200 salariés, un prêt massif de 525 millions d'euros, dont la dernière tranche avait été débloquée fin 2022. Le nouveau soutien de l'État et la mise en œuvre d'un plan de progrès d'urgence doivent selon Bercy et place Beauvau « permettre d'assurer la continuité des opérations de la SLN dans les prochains mois, le temps qu'une solution pérenne soit trouvée par les parties prenantes ».

Les ministres Bruno Le Maire et Gérald Darmanin ont estimé « indispensable que l’ensemble des parties prenantes, et notamment les autorités locales de la Nouvelle-Calédonie, mettent à profit ce délai pour construire collectivement une solution durable pour la filière nickel ». « C’est la raison pour laquelle le Gouvernement a demandé à l’Inspection générale des finances et au Conseil général de l’économie d’établir un diagnostic de la filière nickel en Nouvelle-Calédonie, qui permettra d’éclairer l’État quant à la situation et aux choix possibles pour assurer l’avenir de la filière », ajoute-t-on.

« La mission pourra notamment identifier les perspectives de restructurations ainsi que les éventuelles décisions à prendre pour en assurer la viabilité économique lorsque cela est possible. Elle présentera différentes options, après avoir notamment rencontré les actionnaires, la direction générale et les représentants des salariés des principales sociétés du secteur ainsi que les acteurs institutionnels compétents en matière minière. Ces options pourront contribuer à la prise des décisions nécessaires pour que cette industrie puisse continuer de contribuer au développement économique et à l’emploi en Nouvelle-Calédonie, et puisse également, à l’avenir, concourir aux approvisionnements de l’Union européenne en matières premières essentielles à la transition énergétique », ont développé les Ministères.

Lors de sa visite en Nouvelle-Calédonie en décembre dernier, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer avait appelé déjà à un « projet industriel » à l’échelle de l’archipel et pour les 10 à 30 prochaines années. Interrogé par Nouvelle-Calédonie La 1ère, Louis Mapou, saluant ce « prêt (…) bouffée d’oxygène » pour la SLN, a lui aussi souligné la nécessité « d’une stratégie nickel à l’échelle du pays ».

Avec AFP.