Nouvelle-Calédonie : Les assureurs durcissent-ils les clauses de leurs contrats ?

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Nouvelle-Calédonie : Les assureurs durcissent-ils les clauses de leurs contrats ?

La Nouvelle-Calédonie traverse une crise assurantielle sans précédent, alors que les compagnies d'assurance peinent à répondre aux besoins des sinistrés des dernières émeutes. Les entrepreneurs locaux se disent étouffés par une insuffisance d'aides, tandis que les assureurs, confrontés à des risques accrus, semblent durcir leurs clauses, notamment en retirant la garantie émeute de leurs contrats. Focus grâce au reportage sur place de nos partenaires de CALEDONIA.



Sur les 2.500 dossiers soumis pour indemnisation suite aux violences, seulement 1.240 ont été traités jusqu'à présent. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au micro de Caledonia, David Guyenne, président de la Chambre de commerce et de l'industrie (CCI) de Nouvelle-Calédonie, précise que « cela représente 4 milliards FCFP (33,5 millions d’euros) d'acomptes ou d'indemnisations versés, sur un total estimé à 120 milliards (1 milliard d’euros) ».
Un écart qui souligne la lenteur des paiements et l'ampleur des pertes subies par les entreprises locales.

Face à ces pertes colossales, les compagnies d'assurance auraient pris une décision radicale : ne plus couvrir les sinistres liés aux émeutes. Cette mesure, bien que légale, complique sérieusement la relance économique de l’archipel. "Les entreprises ne peuvent pas redémarrer. Cela bloque tout le système économique calédonien", déplore David Guyenne. En l’absence de couverture assurantielle pour les émeutes, les entrepreneurs se retrouvent dans l’impossibilité de rouvrir leurs portes sans risquer de nouvelles pertes financières en cas de troubles futurs.
Gislaine Casiere, bénévole spécialisée en assurance pour UFC-Que Choisir, explique ce durcissement des clauses. « Les assureurs avaient l’habitude d’inclure la garantie émeute parce que cela restait un événement exceptionnel. Mais maintenant que les émeutes sont devenues fréquentes, le risque s'est modifié. L’assureur a donc le droit de refuser de prendre en charge ce genre de sinistre ».

Cette révision des contrats ne se limite pas aux entreprises. Les particuliers sont également frappés par ces changements. Un habitant de Nouméa, qui a souhaité rester anonyme, raconte que sa franchise a été multipliée par quatre, passant de 31.000 FCFP ( 260€) à 120.000 FCFP (1.000€). Il ajoute que les assureurs refusent désormais d’ouvrir de nouveaux dossiers sans exiger la signature de décharges, excluant toute couverture des dommages liés aux émeutes.

Cette situation place la Nouvelle-Calédonie dans une impasse : d’un côté, des assureurs qui se protègent contre des risques devenus trop courants ; de l’autre, des entreprises et des particuliers qui se retrouvent sans protection suffisante face à ces mêmes risques. L’avenir économique de l’archipel dépendra en grande partie de la capacité à rétablir la confiance dans le système assurantiel, à redéfinir les clauses des contrats d’assurance tout en prenant en compte les nouvelles réalités locales.  

Damien CHAILLOT