Nouvelle-Calédonie : L'économie présente des signes d’essoufflement, selon L’IEOM

Nouvelle-Calédonie : L'économie présente des signes d’essoufflement, selon L’IEOM

Dans son dernier rapport de conjoncture économique sur la Nouvelle-Calédonie pour le 2e trimestre 2023, l’Institut d’émission d’Outre-mer (IEOM) constate notamment un indicateur du climat des affaires qui poursuit son repli et des perspectives d’activité légèrement dégradées pour le prochain trimestre. L’inflation confirme son ralentissement et la consommation des ménages se maintient, mais la balance commerciale se dégrade dans un contexte moins favorable pour le secteur du nickel et une activité ralentie dans le domaine du BTP. Malgré tout, le secteur du tourisme tire son épingle du jeu et parvient à un niveau proche de la période pré-covid.

Après un environnement économique favorable en 2022, certains indicateurs du second trimestre 2023 sont moins bien orientés, confirmant la tendance amorcée depuis l’automne 2022, selon l’IEOM. La trésorerie des entreprises semble notamment toujours fragilisée par les tensions inflationnistes inédites qui ont affecté l’économie mondiale et calédonienne depuis 2022. « Alors que l’embellie économique observée en 2022 semble marquer le pas, l’économie calédonienne présente de nombreux défis structurels (accroissement sans précédent de son niveau d’endettement, déficit des comptes sociaux, difficultés de l’industrie du nickel à être rentable, essoufflement de la dynamique démographique) et les réformes tardent à se concrétiser. (…) Pour autant, l’inflation ralentit sur le territoire et l’emploi reste bien orienté », observe l’IEOM.

Les perspectives d’activité sont légèrement dégradées pour le prochain trimestre. À un horizon de 12 mois, 21% des entreprises interrogées craignent une défaillance (contre 18% le trimestre précédent), mais elles envisagent pourtant de nouveaux investissements. « Le solde d’opinion portant sur l’investissement à 12 mois augmente au 2e trimestre (+0,6 pt). Il évolue même au-dessus de sa moyenne de longue période. Il est difficile d’interpréter cette amélioration dans le contexte actuel, mais la perspective d’un accord sur l’évolution institutionnelle pourrait l’expliquer. »

En glissement annuel, l’inflation confirme son ralentissement, constate l’IEOM : elle s’établit à 1,9% en juin (après 3% en mars 2023 et 4,9% en décembre 2022). Toutefois, « les hausses de prix restent particulièrement importantes pour l’alimentation (+6,8%) tandis que les prix de l’énergie sont orientés à la baisse sur les 12 derniers mois (-4,3%) ». La baisse de l’inflation en Nouvelle-Calédonie s’est confirmée d’ailleurs pendant l’été 2023, relève l’Institut. 

En ce qui concerne l’emploi, celui du salarié privé progresse à nouveau au 1er trimestre 2023 (+0,3% sur 3 mois en données CVS - correction des variations saisonnières, ndlr) et améliore même son précédent record du 3e trimestre 2022. « La progression la plus significative concerne le secteur de la construction », écrit l’IEOM. « Pour autant, au 2e trimestre 2023 le solde d’opinion sur les effectifs du trimestre passé se dégrade. Le nombre d’entreprises envisageant de réduire leurs effectifs au prochain trimestre est désormais quasiment équivalent à celui de celles déclarant vouloir recruter. La grande majorité des entreprises interrogées restent dans une perspective attentiste. Ceci pourrait suggérer un essoufflement de la dynamique de l’emploi. »

Les indicateurs de vulnérabilité des ménages n’indiquent pas de dégradation au second trimestre, mais la balance commerciale se dégrade. « Au 2e trimestre 2023, les exportations diminuent de 24,3% en valeur sur trois mois (-46,3% sur un an, données CVS) en raison d'un environnement de marché moins favorable pour l’industrie du nickel. » Sur la période concernée, la valeur des exportations représente 62,1% des importations (en données CVS) contre 67,9% le trimestre précédent et 98,8% au deuxième trimestre 2022. 

L’IEOM relève que les situations sectorielles sont contrastées. Le cours du nickel au LME (London Metal Exchange, Marché des métaux de Londres, ndlr) se contracte de 15% après deux trimestres de hausse. Parallèlement, les stocks de nickel répertoriés au LME poursuivent leur baisse (- 14,7% par rapport au trimestre précédent et -45,9% sur un an). Par ailleurs, « malgré une augmentation de la production de ferronickel, les exportations diminuent de 5,7% en volume par rapport au premier trimestre, et de 19,7% en valeur, en raison de cours moins favorables ». Le secteur du BTP fait face quant à lui à une activité ralentie. « Les ventes de ciment régressent au premier trimestre 2023 (- 2,2% CVS – dernières données disponibles). Elles oscillent depuis 2021 autour d’un plancher de 17.000 tonnes par trimestre (CVS), loin des niveaux qui prévalaient avant 2019. » Des chefs d’entreprises du secteur ont toutefois indiqué à l’IEOM une amélioration de leur activité au second trimestre.

Enfin, concernant le tourisme, l’activité au deuxième trimestre se rapproche du niveau qui prévalait avant la crise covid. « Le nombre de touristes est en hausse de 8,1% sur trois mois: 28.152 touristes ont ainsi séjourné en Nouvelle-Calédonie au 2e trimestre 2023 », précise l’IEOM. (…) La hausse du nombre de touristes australiens et néo-zélandais est significative tandis que les touristes japonais sont bien moins nombreux qu’avant-crise. » À noter que le nombre de touristes singapouriens demeure extrêmement faible (124), malgré l’ouverture de la ligne directe avec ce pays.

PM