Nouvelle-Calédonie : La Fédé mobilisée contre « le plan d’austérité » du gouvernement

©Julien Mazzoni / Les Nouvelles Calédoniennes

Nouvelle-Calédonie : La Fédé mobilisée contre « le plan d’austérité » du gouvernement

Alors que le Congrès doit valider jeudi le plan de réformes fiscales et budgétaires du gouvernement, la Fédé annonce une mobilisation le même jour pour contrer ce programme qu’elle juge « injuste ». Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

La Fédé ne décolère pas et entend bien se faire entendre ce jeudi 14 août. L’organisation syndicale a lancé un préavis de grève générale pour s’opposer au plan de réformes budgétaires, fiscales et sociales du gouvernement sur lequel devront délibérer ce jour-là les élus du Congrès.

La Fédé « dénonce avec force un grand nombre de mesures contenues dans ce plan qui n’ont vocation qu’à accroître les inégalités et appauvrir un peu plus la population », estime le syndicat, qui considère que ce plan « d’austérité est dirigé contre les populations le plus démunies et contre la population en général ».

Le projet de réformes, qui s’appuie en grande partie sur les travaux du PS2R et de la conférence économique et sociale, propose des coupes franches dans tous les postes de dépense. « Nous dénonçons ce plan d’austérité brutale qui est un passage en force contre les familles les plus modestes sous prétexte de relance économique », s’insurge Steeves Teriitehau, le secrétaire général de la Fédé.

« Toujours en défaveur des plus démunis et en faveur des plus riches »

En point de mire, notamment, la diminution annoncée des prestations familiales qui devraient permettre d’économiser 3 milliards, selon Thierry Santa, le membre du gouvernement en charge du budget et des finances.

D’une manière générale, la Fédé fustige l’ensemble des mesures portées par le gouvernement « toujours en défaveur des plus démunis et en faveur des plus riches. Il propose une fois de plus une diminution de l’impôt sur les sociétés qui va occasionner une perte fiscale de 6 milliards sans aucune piste de compensation. »

Autre point qui suscite la crispation de la Fédé, la mise à contribution du Fonds social de l’habitat pour financer l’aide au logement. « Le FSH est né d’un combat syndical », rappelle Steeves Teriitehau. « S’y attaquer pour financer une mesure du gouvernement » n’est pas acceptable, considère le secrétaire général.

« Aucune réforme de fond »

Le gouvernement prévoit également de se pencher de manière drastique sur le système de santé et les régimes de retraite et de solidarité. Là aussi, levée de boucliers du côté de la Fédé, qui prend pour exemple la mise en place d’une franchise de 100 francs par boîte de médicament pour « responsabiliser les assurés », selon Thierry Santa. 

« On va empêcher les gens de se soigner avec un risque d’aggravation des pathologies », répond Steeves Teriitehau, qui tire à boulets rouges sur l’ensemble du plan du gouvernement : « Il ne comporte aucune réforme structurelle de fond. On ne parle pas du Ruamm, on ne parle pas de la retraite Cafat, on ne parle pas de travailler sur les niches fiscales ni sur les exonérations, qui représentent 49 milliards par an de dépenses fiscales. »

Si le plan présenté par Thierry Santa et Christopher Gygès, membre en charge de la fiscalité, a été établi « sur la base de l’accord-cadre avec les partenaires sociaux », expliquait ce dernier lors de sa présentation, la Fédé rappelle qu’elle et Force ouvrière ne l’ont pas signé « et on ne regrette pas parce que ce plan de réforme prévoit la compensation de toute cette diminution d’imposition par la hausse de la TGC et de la CCS ».

Des contre-propositions

La Fédé rappelle enfin avoir émis des contre-propositions dans son Plan de refondation sociale et solidaire (PR2S) détaillant « toute une série de mesures qui se chiffraient à plusieurs milliards pour se doter d’une fiscalité plus juste et plus équitable. On y parle notamment des plus-values immobilières, de la taxation des produits nets bancaires… Des propositions élaborées avec l’aide de la Chambre territoriale des comptes et appuyées sur des données de l’Isee et présentées aussi bien en Nouvelle-Calédonie qu’au sommet à Paris », rappelle Steeves Teriitehau. 

La mobilisation est prévue ce jeudi à 7h30 devant le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, mais aussi devant les hôtels des provinces Nord et Îles, ainsi que devant les mairies des communes de la côte Est et des Loyauté. La Fédé espère être reçue au moins au Congrès avant le début de la séance.

Julien Mazzoni pour Les Nouvelles Calédoniennes