Emmanuel Macron a « compris » qu'il ne fallait pas convoquer le congrès à Versailles dans l'immédiat et qu'une « pause » s'imposait pour un retour au calme en Nouvelle-Calédonie, a déclaré la maire (Renaissance) de Nouméa, Sonia Lagarde, dans un entretien au Monde publié lundi.
« Il ne faut pas que le président de la République convoque le Congrès à Versailles. Pas maintenant. Je pense que le président l'a compris », affirme Sonia Lagarde au quotidien, alors qu'Emmanuel Macron a convoqué un nouveau Conseil de défense à 18h30 à Paris. « C'est une chose qu'il a comprise, qu'il a déjà plus ou moins annoncée », poursuit Sonia Lagarde, soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, qui dit avoir été en contact avec lui.
« Je ne suis pas du tout d'accord pour qu'on y aille en force. Je crois qu'il faut de la sagesse et de la raison, et ces deux mots nous imposent aujourd'hui de faire une pause », ajoute-t-elle, demandant une mission de dialogue avec les indépendantistes et refusant « de signer un accord ou de cautionner un accord à la hâte ». Vendredi soir, la présidente de l’Assemblée nationale avait aussi plaidé pour un report du Congrès, une mission de dialogue et un retour au calme sur l’archipel.
« Donnons-nous un peu de temps », prie encore la maire de Nouméa, où se concentre la majeure partie des émeutes qui secouent l’archipel. « D'abord, pour que les choses se rétablissent, puis qu'on arrive à se remettre autour d'une table pour essayer de construire quelque chose », dit-elle. « De toute façon, nous n'avons plus le choix ».
La réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres vise à élargir le corps électoral aux scrutins provinciaux de Nouvelle-Calédonie, au risque de marginaliser « encore plus le peuple autochtone kanak », selon les indépendantistes. Elle a été adoptée par les députés, après les sénateurs, dans la nuit de mardi à mercredi dernier, et doit désormais faire l'objet d'une réunion des deux assemblées en Congrès avant la fin juin.
De la gauche à l'extrême droite en passant par la majorité, les voix se font chaque jour plus nombreuses pour réclamer un report, rendant, par la même occasion, incertaine l’adoption du texte constitutionnel par les 3/5 du Congrès. En Outre-mer, quatre présidents d'exécutifs (Réunion, Guadeloupe, Martinique, Guyane) ont exigé son « retrait immédiat » pour éviter « une guerre civile ».
Avec AFP