Nouvelle-Calédonie : Des fusils sous-marins fabriqués localement

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Nouvelle-Calédonie : Des fusils sous-marins fabriqués localement

Le jeune pêcheur Raphaël Serrecombe construit sur mesure des fusils harpons en bois haut de gamme, depuis un peu plus de deux ans. Une offre très peu étoffée sur le territoire, malgré un grand nombre de chasseurs sous-marins. Rencontre avec le créateur de Raftek Speargun avec notre partenaire Actu.nc 


Seul un bruit de visseuse électrique, en provenance de l’atelier en taule, vient troubler la quiétude de la propriété familiale. C’est là, chez ses grands-parents, à Tomo, que Raphaël Serrecombe transforme ses planches de bois en teck en fusils sous-marins. Des pièces uniques qu’il fabrique et personnalise sur commande. Au programme aujourd’hui, le montage final d’un fusil qui prendra prochainement l’avion en direction de Mayotte.

Son deuxième à quitter le territoire calédonien. « Mon objectif serait de m’exporter à l’international. Pour cela, je vais essayer de sponsoriser des chasseurs qui ont de la visibilité sur les réseaux sociaux afin de faire parler de mes fusils. Même s’il y a beaucoup de pêcheurs ici, le marché local reste trop petit. Je suis conscient que tous les pratiquants ne peuvent pas s’offrir des articles à ce prix-là », explique l’artisan de 23 ans. Entre la matière première en provenance d’Asie du Sud, les diverses pièces en inox importées de République dominicaine qui composent l’accastillage, et la main-d’œuvre (entre 10 et 20 heures en fonction du modèle), il faut compter 90 000 francs en moyenne pour une création signée Raftek Speargun.

Vacances scolaires

Un cadeau que s’est offert Florent Perus. Ce Savoyard d’origine pêche régulièrement dans le Lagon Sud et a opté il y a près de 10 mois pour un fusil fabriqué par le Calédonien. « J’ai entendu parler de lui par le bouche-à-oreille, explique le pêcheur de 33 ans. Je ne regrette pas mon choix. J’ai réussi à améliorer mes prises grâce à ce fusil, sans avoir besoin de progresser en apnée. Il y a une bonne différence en termes de distance de tir et de précision et il est plus facile à charger par rapport à mon ancien fusil qui était un double sandow classique. » Raphaël Serrecombe a franchi le cap de la commercialisation de ses créations il y a près de deux ans et demi.

Son premier harpon, il se l’est fabriqué durant les vacances scolaires. « Je voulais un fusil spécifique afin de faire du blue water (pêche dans le grand bleu, au-delà de la barrière de corail, NDLR). Je n’avais pas d’argent, mais j’avais du temps et des outils, alors j’ai commandé des pièces à droite à gauche, j’ai acheté du bois local et je me suis lancé, partage celui qui étudiait alors à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, en licence professionnelle commerce et distribution.

J’ai pris beaucoup de plaisir à le fabriquer, alors je me suis dit : « pourquoi ne pas en refaire pour les vendre ». Depuis, « Raph », qui a commencé la pêche dès son plus jeune âge, en a façonné une quarantaine. Même s’il est impossible pour lui d’en vivre pour le moment, il persévère dans l’espoir de percer dans le milieu et de se faire une renommée internationale. En attendant, c’est avec humilité qu’il continue de partager sa passion avec les pêcheurs du Caillou... dès que les conditions météorologiques le permettent.

Par Titouan Moal