Nouvelle-Calédonie : "Crise économique, chômage et population qui migre : un cocktail explosif ", le dernier bilan dressé par la Chambre de commerce et d'industrie

© Les Nouvelles Calédoniennes

Nouvelle-Calédonie : "Crise économique, chômage et population qui migre : un cocktail explosif ", le dernier bilan dressé par la Chambre de commerce et d'industrie

Trois mois après les graves exactions qui ont secoué le pays, le calme est partiellement revenu, mais la crise économique est profonde. La Chambre de commerce et d'industrie dresse un bilan chiffré au 7 août, analysé par son président David Guyenne. Précisions avec notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

 

740 entreprises détruites ou partiellement détruites

Dans ces 740 entreprises, la moitié environ est totalement détruite, les autres en partie. "Les près de 400 entreprises partiellement dégradées font leurs démarches pour rouvrir, mais elles sont longues, les assurances n’ont pas encore indemnisé ou elles ne permettent pas de rouvrir car l’aléa émeute est encore trop fort… Quand aux 400 entreprises totalement dégradées, elles ne rouvriront pas avant deux ou trois ans, explique David Guyenne. Sur le reste de l’économie Calédonienne, 20 000 entreprises environ, elles doivent opérer dans un tissu économique dégradé où en moyenne le taux d’activité est souvent en dessous de 50 %". Sur ces 740 entreprises à l’arrêt, 47 % sont des commerces, 37 % des services, 6 % des industries et 10 % concernent le bâtiment.

25 % du PIB impacté

Le Produit intérieur brut de la Nouvelle-Calédonie était de 1 092 milliards de francs (chiffre Isee 2022) avec la crise de mai 2024. 30 % du capital productif du pays a été touché, ce qui représente une baisse de 25 % du PIB, soit 273 milliards. "La NC a perdu de manière durable 25 % de sa richesse, constate le président de la CCI. Au mois de mai, nous avons vécu une période de sidération qui a engendré une colère très forte et un désarroi. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase de survie, et dans le pire des cas, de mort lente, et c’est tout aussi brutal. Le chef d’entreprise a du mal à se projeter, à voir les solutions, et donc la Nouvelle-Calédonie a du mal à se relever et à créer de la richesse. Notre rôle, à la CCI, est d’essayer d’analyser et d’accompagner les chefs d’entreprise."

19 952 salariés au chômage total ou partiel

Depuis la mise en place du chômage partiel ou total pour les salariés des entreprises touchées par les émeutes, 2 780 personnes sont au chômage total "exactions", 17 172 au chômage partiel. Mais en tout, 30 000 personnes pourraient être concernées. "Sur ces demandes de chômage partiel, on constate une précaution des entreprises qui voient leur activité se dégrader. Les sociétés qui n’ont rien subi ont un au taux d’activité de 50 %, une partie du dispositif qui permet de résister est le chômage partiel. Les chiffres évoluent chaque jour."

6 000 départs au premier semestre

La CCI, gérant l’aéroport de La Tontouta, donne les chiffres de départs définitifs. "Nous constatons un solde migratoire négatif de 6 000 personnes, corrigé des forces de l’ordre. Ce sont des Calédoniens installés durablement. Au premier trimestre 2024, il y a une augmentation de 30 % des départs par rapport au premier trimestre 2023, ce qui illustre une crise économique, une incertitude politique, institutionnelle qui était déjà très présente. En revanche en mai 2024, c’est 200 % d’augmentation par rapport à 2023. Quand on a ce tableau : crise économique, chômage et population qui migre, c’est un cocktail explosif."

13 696 dossiers déposés au Fonds de solidarité

L’État a mis en place le fonds de solidarité, une aide financière pour les entreprises touchées par la crise directement ou indirectement. 13 696 dossiers ont été déposés, 6 360 ont été validés pour un montant d’aide de 1,889 milliard de francs.

Du côté du dispositif d’aide proposé par la province Sud, 795 dossiers ont été déposés, pour un montant de 1,014 milliard de francs. Les deux aides ne sont pas cumulables. "Le problème actuel, c’est que nous avons près de 50 % des dossiers qui ne sont pas encore traités ou régularisés. Les raisons sont en partie liées à une lenteur administrative, une autre raison, qui est légitime, c’est un contrôle nécessaire, car il y a des risques de fraude ou de détournement, et même de personnes de l’extérieur de la Nouvelle-Calédonie. Mais du côté des assurances, du chômage, des banques, les délais sont moins entendables".

2,3 milliards francs versés à 4 262 entreprises

La direction générale des finances publiques du ministère de l’Économie et des Finances de l’Etat, précise, au 9 août, ses chiffres : "près de 15 300 demandes ont été déposées par les entreprises auprès de la DGFIP, qui en a déjà instruit plus des deux tiers et en a validé la moitié. Ce sont ainsi plus de 19,4 millions d’euros (2,3 milliards de francs) qui ont été versés à 4 262 TPE et PME de Nouvelle-Calédonie dont l’activité économique a été particulièrement affectée. Environ 20 % des dossiers ont été rejetés, les entreprises les ayant déposés ne respectant pas un ou plusieurs critères d’éligibilité, dont à titre principal, la perte de chiffre d’affaires de 50 % justifiant l’octroi de l’aide ou le respect de leurs obligations fiscales et sociales."

Un autre dispositif a été mis en place le 5 juillet pour les entreprises les plus en difficulté. "Une cinquantaine de demandes ont été reçues à date et sont en cours d’examen par la commission chargée d’émettre des avis et propositions d’aide au regard des situations particulières. Après analyse, les premiers versements aux entreprises pourraient intervenir à compter de début septembre 2024."

Par Les Nouvelles Calédoniennes