Selon les informations de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes, un accord se profilerait entre l’entreprise Sibanye-Stillwater et l’usine du Sud, en quête d’un repreneur. Ce rachat permettrait au groupe sud-africain, déjà propriétaire d’une usine hydrométallurgique dans l’Hexagone, de maîtriser l’ensemble de la chaîne de production de nickel à destination des batteries de véhicules électriques.
L’usine Prony Resources a-t-elle trouvé son repreneur ? Selon Les Nouvelles Calédoniennes, un accord se profilerait entre le groupe sud-africain Sibanye-Stillwater et le complexe industriel du Sud. Les discussions seraient en effet « très bien engagées », indique une source proche du dossier.
Basée à Johannesburg, Sibanye-Stillwater est une entreprise spécialisée dans l’extraction de métaux précieux, notamment l’or, le palladium et le platine. En février 2022, le groupe a fait l’acquisition, auprès d’Eramet, d’une usine de traitement hydrométallurgique basée à Saindouville, près du Havre, en Seine-Maritime. Sa raffinerie dispose d’une capacité de production annuelle de 12 000 tonnes de nickel métal de haute qualité.
Développer une « filière intégrée »
Avec le rachat de Prony Resrouces, Sibanye-Stillwater pourrait ainsi développer une « filière intégrée » et maîtriser la chaîne de production de nickel dans sa totalité, de l’extraction à la livraison. Le groupe sud-africain ne cache pas son ambition de devenir l’un des leaders sur le marché des batteries pour véhicules électriques.
Il développe actuellement un projet, nommé "GalliCam", visant à « produire un matériau cathodique actif précurseur (pCAM) » contenant « du nickel de haute qualité en Europe avec un faible impact environnemental » à destination des batteries de véhicules électriques, indique le groupe sur son site internet. Le procédé GalliCam, dont il a fait une propriété intellectuelle exclusive, « est encore en cours de développement et Sibanye-Stillwater travaille avec des partenaires pour parvenir à un résultat positif. »
Redistribution des parts
Cette volonté de reprise pourrait représenter une opportunité inespérée pour Prony Resources, dont la production est à l’arrêt depuis le déclenchement des violences, le 13 mai. Le complexe hydrométallurgique était déjà en sursis avant la crise. En mars, l’État avait signé le versement d’un nouveau prêt de 16,7 milliards de francs additionné à une subvention énergie de 5 milliards pour permettre à l’usine de tenir jusqu’en mars 2025, le temps de trouver un repreneur. Une mission confiée à la banque Rothschild.
Le projet prévoit également une redistribution des parts de l’usine, avec notamment un départ du groupe suisse Trafigura (19 %) et le placement, dans une fiducie, de 30 % des parts de la Compagnie financière de Prony et de 25 des 30 % de la Société de participations minières du Sud calédonien (SPMSC), représentant les trois provinces. Ce montage doit permettre à un éventuel repreneur de détenir jusqu’à 74 % du capital de l’usine.
Baptiste Gouret pour Les Nouvelles Calédoniennes