L’exposition « Maro ‘ura. Un trésor polynésien » au Musée du quai Branly à partir du 19 octobre

Fragment de maro ‘ura, années 1810 ©Musée du quai Branly–Jacques Chirac / Pauline Guyon

L’exposition « Maro ‘ura. Un trésor polynésien » au Musée du quai Branly à partir du 19 octobre

A vos agendas culturels ! Du 19 octobre au 9 janvier 2022, le Musée du quai Branly – Jacques Chirac à Paris présentera l’exposition « Maro ‘ura. Un trésor polynésien », qui revient sur l’histoire et la symbolique d’un des objets les plus prestigieux des chefferies des îles de la Société : la ceinture de plumes liée au culte du dieu ‘Oro.

 

L’exposition, conçue en partenariat avec le Musée de Tahiti et des Îles – Te Fare Manaha, commencera avec la présentation de ce fragment de ceinture de plumes récemment identifié au Musée du quai Branly. Selon le commissariat de l’événement, « Depuis la conversion au christianisme au début du 19e siècle, toutes traces des maro ‘ura avaient disparues ». Celui retrouvé au quai Branly semble donc être le seul fragment connu à ce jour. « Un témoignage d’une importance historique sans équivalent », souligne le musée, qui se donne pour ambition « de mettre en lumière l’histoire de cette œuvre unique, en particulier son importance religieuse et politique, tout en révélant le faisceau d’indices matériels et historiques qui ont permis son identification. »

L’objet, autrefois conservé au Musée de l’Homme, a été identifié en 2016 par l’anthropologue Guillaume Alevêque. Il s’agit d’une pièce textile comportant de l’étoffe d’écorce de banian, une multitude de plumes (blanches, jaunes et rouges) et de drap de laine rouge teinté à la garance. « Il pourrait s'agir de la ceinture dans laquelle avait été incorporé le fanion utilisé par le capitaine anglais Samuel Wallis pour prendre possession de l'île de Tahiti en 1767 », précise le Musée du quai Branly. « Long de près de 4 mètres et décrit par des navigateurs tels que James Cook et William Bligh à la fin du 18e siècle, ce maro ‘ura accompagna la prise de pouvoir de la famille Pōmare sur Tahiti et l’ensemble des îles voisines. »

La reine de Tahiti, Moorea et leurs dépendances, Pōmare IV (1813-1877) ©Wikimedia Commons / Paul-Émile Miot

Rappel historique

Aux îles de la Société, à Ra‘iatea, Tahiti et Bora Bora, seuls les grands chefs sacrés (ari‘i nui) pouvaient revêtir les maro ‘ura. « Liées au culte du dieu ‘Oro, ces ceintures de plumes rouges matérialisaient l’origine divine de leur pouvoir, les oiseaux étant considérés comme des émanations des dieux. » Symboles mémoriels pour les communautés, elles permettaient également de suivre la généalogie des chefferies, leur ancienneté et leur prestige. « Extrêmement rare et précieux, chaque maro ‘ura était conservé à l’abri des regards, probablement enveloppé d’étoffe d’écorce (tapa), au sein du plus sacré des sanctuaires. Portés en de rares occasions, la population les voyait peu et parmi les premiers voyageurs européens à accoster à Tahiti au 18e siècle, seuls quelques-uns les ont décrits », souligne le commissariat de l’exposition.

Cette dernière, outre la présentation du fragment unique, sera enrichie d’une trentaine d’objets issus des collections du Musée du quai Branly et du Musée d’histoire naturelle de Lille. L’objectif est de restituer le contexte culturel et symbolique d’usage des maro ‘ura et de les réintégrer à l’ensemble des objets régaliens et de très grand prestige que l’on trouvait autrefois en Polynésie française et à Hawaii. La suite de l’exposition sera consacrée « à l’évolution des pratiques artistiques aux îles de la Société, notamment autour de l’importance encore aujourd’hui de la couleur rouge, symbole fort pour les Polynésiens, avec une présentation des œuvres contemporaines (tifaifai et costumes de danse) », ajoute le musée.

À la fin de l’exposition au quai Branly, le fragment de maro ‘ura sera déposé au Musée de Tahiti et des Îles pour une durée de cinq ans renouvelable, dans le cadre d’une convention de coopération muséographique et culturelle. « Les deux institutions se sont ainsi accordées pour collaborer dans les domaines de la recherche, de la conservation, la présentation d’expositions, le prêt d’objets, les co-productions de documents d’information ainsi que l’échange et la formation entre les spécialistes des musées », explique le commissariat du Musée du quai Branly.

PM