Le Boeing 747 SP Sofia, observatoire volant de la NASA, dans le ciel de Polynésie de juillet à septembre

©NASA

Le Boeing 747 SP Sofia, observatoire volant de la NASA, dans le ciel de Polynésie de juillet à septembre

À la faveur de la fermeture de la Nouvelle-Zélande et de la crise Covid, la Nasa a choisi Tahiti comme base temporaire de sa mission Sofia. 150 scientifiques devraient ainsi débarquer en septembre accompagnés d’un télescope à infrarouge embarqué dans un 747 modifié. L’appareil, unique au monde, devrait enchainer les vols nocturnes, jusqu’en septembre, pour aider à explorer notre galaxie. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti. 

Rendez-vous spatial, ce jeudi, à la présidence de la Polynésie. Le président de la Collectivité, Édouard Fritch, recevait une délégation de la Nasa, menée par Michael Gaunce, directeur de la mission Sofia. Un terme qui évoque la connaissance, et qui est surtout l’acronyme de Stratospheric Observatory for Infrared Astronomy, ou Observatoire stratosphérique pour l’astronomie infrarouge. 

Ce projet, développé pendant une vingtaine d’années par l’agence spatiale américaine en collaboration avec son homologue allemand, a abouti, en 2014, à la mise en opération d’un télescope infrarouge de 17 tonnes, fonctionnant avec un miroir de 2,7 mètres de diamètre, le tout intégré à un Boeing 747 modifié spécialement pour l’opération. 

Objectif : prendre des images infrarouges de l’univers, qui, une fois traitées et recoupées avec d’autres types d’observation, permettent d’étudier des astres, planètes, et autres phénomènes cosmiques. La technique a notamment permis de confirmer la présence d’eau sur la Lune, de repérer une étoile en formation à 1500 années-lumière de la Terre ou encore un trou noir supermassif caché derrière un nuage de poussières à 170 millions d’années-lumière, comme l’explique l’agent consulaire américain en Polynésie, Christopher Kozely.

Une « opportunité économique » à conserver

Et si cet appareil unique, qui abrite un total de plus de 2 milliards d’euros d’équipement, devrait bientôt voler dans le ciel polynésien, c’est en grande partie grâce à la crise sanitaire. Car le 747 SP Sofia, qui parcourt le globe pour acquérir des images du ciel, utilise depuis longtemps la ville de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, comme base de lancement pour l’hémisphère Sud. Une attache qui dure généralement deux mois par an, et que la stratégie « Covid Free » du pays remet en cause. 

L’île de Tahiti s’est imposée comme l’alternative la plus intéressante. L’appareil, et les 150 chercheurs, ingénieurs et techniciens attachés à la mission, doivent ainsi arriver – dans le respect des protocoles sanitaires – entre le 12 et le 19 juillet, et mener des vols depuis l’aéroport de Faa’a jusqu’au 12 septembre. 

Le télescope Sofia en position d'observation ©NASA

L’équipe, composée de scientifiques de plusieurs nationalités, a déjà réservé ses places dans trois hôtels de Tahiti et devrait disposer d’un espace dédié à l’aéroport. Une « opportunité économique », précise Christopher Kozely, pour qui il faut « fournir la meilleure qualité de service » à cette mission pour tenter de pérenniser son attache en Polynésie. Tahiti « a de bons arguments », dit-il.

9 à 10 heures de vol, jusqu’à 14 kilomètres d’altitude

Peu de chance d’apercevoir l’avion signé Nasa dans le ciel polynésien, si ce n’est au décollage. Les opérations auront lieu de nuit, entre 19 heures et 4 heures du matin et voleront vers le Sud, souvent au-delà des eaux de la Collectivité. Les images seront prises à une altitude de 12 à 14 kilomètres, bien au-dessus de l’altitude de croisière des avions de ligne et du gros des masses nuageuses. 

Il ne s’agit pas d’observations au hasard, précise Christopher Kozely : Sofia, qui alimente des bases de données et répond à des besoins précis d’équipes internationales de chercheurs, a une liste de « rendez-vous » établis plusieurs mois à l’avance. Latitude, longitude, horaire… Ce n’est qu’une fois sur place que le télescope, les spectromètres et polarimètres de l’appareil, montés sur des systèmes de stabilisation à liquide, sont mis en route.

Il est parfois utilisé lors d’évènements cosmiques particuliers, comme des passages d’une planète devant une étoile, pour mieux étudier leur atmosphère. Lors de ces dernières missions, Sofia a ainsi permis d’en savoir plus sur Pluton, sur Titan, une des lunes de Saturne, ou encore sur des astéroïdes ou comètes encore mal connus.

Charlie René pour Radio 1 Tahiti