La Marianne polynésienne fait son entrée au Sénat

©Teva Rohfritsch

La Marianne polynésienne fait son entrée au Sénat

Depuis lundi soir, le buste d’une Marianne polynésienne, la première ultramarine, trône désormais dans les salons du Sénat, aux côtés des autres Mariannes de l’Institution. Née d’un concours lancé par les sénateurs de Polynésie, Lana Tetuanui et Teva Rohfritsch, cette Marianne souligne « l'identité polynésienne et l'attachement à la République ».

« Je passe quasiment tous les jours devant ces bustes exposés dans cette salle des conférences. Je me suis demandé : pourquoi est-ce que nous n'aurions pas aussi une Marianne polynésienne, qui puissent être exposées ici, qui reflète à la fois notre identité particulière au sein de la République, notre attachement à celle-ci, et qui permette aussi à la République de se rappeler que la Polynésie est une autre expression de la France (…), très loin dans le Pacifique », raconte le sénateur de la Polynésie Teva Rohfritsch.

« Je voyais des Mariannes faites par des artistes nationaux, mais aussi de différents pays, ce serait dommage que l'Outre-mer, et en particulier la Polynésie française, ne soit pas représentée au travers d'une Marianne qui prendrait les traits d'une Polynésienne », estime encore le sénateur. Avec sa collègue Lana Tetuanui, il lance alors un concours en août dernier, lors du Congrès des maires de Polynésie, puisque les édiles de la Collectivité ont été particulièrement impliqués aux étapes du concours.

Au final, sept artistes ont présenté leurs esquisses « qui ont été soumises aux votes des maires par voie électronique », ajoute le sénateur. Au vote des maires s’est ajouté le vote d’un jury, qui est allé dans le même sens, précise Teva Rohfritsch. « Évrard Chaussoy est l’artiste qui a remporté le concours et a été chargé de sa réalisation ».

« Donner un visage polynésien à la Marianne, c'est souligner cette identité forte que nous avons, et cette appropriation aussi que nous avons de la République, parce qu'on ne vit pas la République en Polynésie de la même manière qu’en métropole, si ce n'est au travers d'un attachement aux valeurs de liberté, d'égalité, fraternité », a encore expliqué le sénateur.

Au-delà de l’esthétique, des traits typés du visage de cette Marianne arborant l’emblématique Tiare Tahiti, l’artiste a représenté d’autres symboles qui traduisent la culture polynésienne. « Les bas-reliefs tout autour nous parlent d’histoire (pirogue), de culture (art et marae) et d’écologie (coraux) puisque la Polynésie française est depuis juin 2025 la plus vaste aire marine protégée au monde », écrit Evrard Chaussoy. « La Marianne polynésienne repose sur une base qui unit le puissant Triangle polynésien à la devise de la République ».

©DR

« On tenait à ce qu'il y ait ces valeurs, puisque c'est une Marianne, mais qu'il y ait aussi cet ancrage dans la culture polynésienne. Et les messages passés par Évrard Chaussoy ont compté énormément dans l'appréciation des maires et celle du jury qui a confirmé le choix des maires » constate pour sa part Teva Rohfritsch, qui confie sa « fierté » à la fois pour cette Marianne et les autres Marianne présentées lors de ce concours. « Les maires ont récupéré les sculptures des autres artistes qui ont pu quand même les réaliser, pour les exposer dans leur mairie ».

Le sénateur espère aussi que d’autres Marianne ultramarines prendront place aux côtés de la Marianne polynésienne, qui elle, trône déjà parmi les Marianne du Sénat. « Nos amis de Nouvelle-Calédonie sont venus me voir pour me dire qu'ils prenaient l'idée avec plaisir et j'ai dit bien entendu c'est fait pour » confie Teva Rohfritsch, qui rapporte un engouement également du côté des élus de La Réunion, des Antilles et de Guyane.

« Ils sont nombreux à être venus me voir pour me dire que c'est une excellente idée parce que le Sénat, c'est la chambre des communes, mais qui pose aussi la différenciation, l'adaptation au territoire. Et je trouve qu'il n'y a pas plus belle expression aussi de cette différenciation, tout en restant unis dans la République. (…) C'est d'autant plus satisfaisant que c'est finalement l'une des Collectivités les plus autonomes au sein de la République qui aura lancé cette initiative. Ce qui illustre bien ce que j'essaie de dire en permanence au Sénat : l'autonomie, c'est le sens de la géographie, de l'histoire de notre peuple polynésien, et le choix d'appartenir à une République des libertés fondamentales », a conclu le sénateur.