Covid-19 : En Polynésie, tour de vis sur les rassemblements après une « aggravation brutale » de l’épidémie

Covid-19 : En Polynésie, tour de vis sur les rassemblements après une « aggravation brutale » de l’épidémie

« Nous constatons depuis 10 jours une aggravation brutale de l’épidémie sur le fenua » a déclaré le Haut-commissaire de la République en Polynésie, Dominique Sorain, lors d’une intervention devant la presse. Le représentant de l’État a notamment annoncé un tour de vis sur les restrictions de rassemblement. 

Pour l’heure, Dominique Sorain entend renouveler et compléter les mesures de restrictions qui arrivaient à terme ce jeudi : déclaration préalable pour tous les rassemblements organisés de plus de 10 personnes sur la voie publique ; interdiction des rassemblements informels de plus de 10 personnes ; fermeture des discothèques et boîtes de nuit ; mesures sanitaires dans les restaurants et débits de boissons ; port du masque obligatoire dans certains espaces publics.

En outre, le Haut-commissaire publiera un arrêté en début de semaine. « Nous avons pris la décision d’interdire les rassemblements festifs familiaux ou amicaux qui se déroulent dans des établissements recevant du public, notamment les salles des fêtes, et que nous considérons à risque, pour lesquels les mesures barrière ne sont pas toujours respectées : mariages, baptêmes, baby shower, soirées étudiantes, évènements musicaux festifs », a notamment indiqué Dominique Sorain.

« Par ailleurs, nous avons décidé de procéder à une interdiction des rassemblements de plus de 6 personnes sur la voie publique, selon des modalités juridiques qui seront précisées en début de semaine prochaine », a-t-il poursuivi, précisant que « les rassemblements professionnels et scolaires demeureront autorisés ».

« J’indique également que les rassemblements aux fins de jeux de bingos et combats de coqs seront interdits. Nous avons constaté une source de contamination très forte ces dernières semaines à l’occasion de ces rassemblements », a ajouté Dominique Sorain. Les autorités appellent également les établissements sportifs à « réduire de 50% le nombre d’utilisateurs présents ou la taille des groupes par séance et de réserver un espace de 4m2 pour chaque participant ».

Retour du couvre-feu ? 

« Le dispositif national, présenté par le Président de la République le 14 octobre va être précisé par décret dans les prochains jours et va nous permettre de renforcer notre dispositif », a précisé le Haut-commissaire, « nous déclinerons localement l’application de l’état d’urgence sanitaire décrété au niveau national, en concertation avec le Pays et les communes ».

Dominique Sorain a terminé son allocution en évoquant le couvre-feu, grande annonce à l’échelle de l’Hexagone, déjà appliqué en Polynésie d’avril à mai. « Je sais que cette disposition est souhaitée par de nombreux élus et habitants du fenua parce qu’elle permet de limiter les rassemblements pendant la nuit », a-t-il reconnu. Mais le représentant de l’État se montre patient et veut « attendre la parution du décret relatif à l’état d’urgence sanitaire pour en connaître les modalités d’instauration ». En Polynésie, le couvre-feu avait été suspendu par le Tribunal administratif de Papeete au début du déconfinement, alors que les maires et le gouvernement local demandaient son maintien.

En Polynésie, le couvre-feu suspendu par le Tribunal administratif de Papeete

En attendant, les mesures annoncées ce vendredi par le Haut-commissaire s’appliqueront jusqu’au 25 novembre. « Si d’ici le 25 novembre, il y avait d’autres décisions à prendre, elles seront prises, tout ceci peut être revu dans un sens ou dans un autre ». Représentant le président de la Polynésie, Édouard Fritch -en isolement car testé positif au Covid-, le Vice-président a reconnu une « accélération de la contamination vertigineuse ».

Depuis la mi-juillet et la reprise des vols commerciaux, la Polynésie a enregistré 3 735 cas positifs, contre seulement 62 de mars à juin. « Nous sommes passés de 30 à 40 cas en moyenne par jour jusqu’à mercredi dernier à une augmentation soudaine de 90 cas par jour en fin de semaine dernière qui s’est encore amplifiée durant le week-end dernier au cours duquel près de 500 cas ont été détectés », a rappelé Dominique Sorain. La Collectivité d’Outre-mer a franchi la barre des 1 000 cas actifs cette semaine, et déplore 14 décès liés au Covid-19. À ce jour, 61 personnes sont hospitalisées dont 10 personnes en réanimation COVID,  pour un maximum de 200 places en hospitalisation simple et 60 places en réanimation.