La Première ministre Élisabeth Borne a reçu ce mardi à Matignon les délégations indépendantistes puis non indépendantistes dans le cadre des bilatérales sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Du côté des indépendantistes, on souhaite d’abord « discuter » avant « l’étape des négociations ».
Poser le cadre. C’était le mot d’ordre de la délégation du FLNKS ce mardi matin à Paris, reçue en bilatérale à Matignon par la Première ministre, qui a souhaité souligner le « dossier lourd qui traite d’une question vieille de 170 ans », faisant référence à la date d’annexion de l’archipel, et l’ « l'histoire chaotique des relations entre la France et le peuple kanak ».
« Il y va de l’histoire d’un peuple que la France a colonisé et qui a survécu à la colonisation » a-t-il ajouté, soulignant que ce « peuple souhaite qu’à un moment donné, on lui restitue sa souveraineté ». « Nous lui avons donc présenté le contexte politique, culturel par rapport à notre histoire », « en toute humilité et dans le respect », a assuré Roch Wamytan. « Nous ne sommes pas des racistes, ce que nous ne supportons pas, c’est le système colonial d’oppression », a-t-il ajouté.
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Dans « l’état d’esprit » des indépendantistes, il s’agit avant tout de « discuter dans un premier temps, l’étape des négociations viendra après ». Pas question donc de s’attarder sur les sujets proposés par Paris : l’exercice de l’autodétermination et le corps électoral que les indépendantistes souhaitent gelé. « On ne veut pas (se) restreindre à ce qu'ils nous proposent, c'est-à-dire une discussion uniquement sur ces deux sujets-là », a expliqué le président indépendantiste du Congrès, membre de l’UC, une des composantes du FLNKS.
« On n’a pas le mandat d’aborder ces deux questions dans le détail » a-t-il, en cohérence avec les propos de Daniel Goa dans un communiqué de l’UC, expliquant qu’« à ce stade, (nos représentants) ne négocieront rien et aucune décision ne pourra être actée ». « Nous pourrons en discuter à partir du moment où (le gouvernement) va nous dire (...) quelle est la sortie » et la « trajectoire (…) qui doit nous amener à la pleine souveraineté », a insisté Roch Wamytan.
Et dans cette « trajectoire », « l’autodétermination et le corps électoral sont des questions fondamentales ». « Nous sommes venus discuter de l’accession du pays à la pleine souveraineté », a insisté Roch Wamytan. « On est arrivé à un point où on a plus d'autres solutions que d’arriver à la pleine souveraineté du pays ». Dans l’après-midi, la délégation indépendantiste a été reçue à Beauvau par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, mais n’ont pas souhaité s’exprimer à l’issue de leur entretien.