Vers une baisse significative du nombre de séismes à Mayotte ?

Vers une baisse significative du nombre de séismes à Mayotte ?

© MAYOBS15 – REVOSIMA – 2020

Selon les bilans chiffrés du REVOSIMA, le nombre de séismes à Mayotte essuie une baisse significative depuis bientôt six mois. Si les chiffres du mois de janvier doivent encore être confirmés par les différentes missions d’observation, cette courbe pourrait attester d’une accalmie dans l’activité volcanique, phase normale et cyclique de la vie d’un volcan. Précisions avec notre partenaire France Mayotte Matin.

Cela fait déjà six mois que les chiffres mensuels du nombre de séismes – l’activité sismique est, rappelons-le, quotidienne à Mayotte- sont en baisse. Ils étaient au nombre de 706 en septembre, 568 en octobre, 426 en novembre et descendaient à 351 au mois de décembre. Si tous ces derniers mois confirment la tendance, il faudra encore les résultats du mois de janvier : il est trop tôt pour être certain, les dernières missions d’observations ne sont pas encore rentrées à quai et les données les plus récentes des sismomètres ne sont pas encore communiquées.

Il s’agit toutefois d’être prudent, nous explique le géographe Saïd Hachim. En effet l’activité sismique fonctionne toujours « en dent de scie », et la récente multiplication des appareils de mesure pourrait fausser les résultats, puisqu’ils permettent de mesurer des microséismes : les activités originelles ont pu être mesurées à la baisse, à la vue d’évènements échappant précédemment au système de mesure. Néanmoins, depuis que l’instrumentalisation est stabilisée, cette baisse régulière est observée.

Comment expliquer cette diminution ?

Avec un pic d’activité sismique au mois de mai 2018, il faudra du temps pour qu’elle s’arrête complètement, si c’est ce que la courbe actuelle semble annoncer. Il s’agit de se remémorer, selon Saïd Hachim, qu’un volcan essuie toujours une alternance dans ses périodes d’accalmie, comme dans ses périodes d’activité : mais c’est bien l’absence totale de séisme qui attestera de l’accalmie. Ainsi, l’activité du volcan – et donc par répercussion, l’activité sismique – est liée au fonctionnement de la chambre magmatique et de la pression évacuée par celle-ci. En maniant l’art de la métaphore filée, le géographe nous expliquera que le fonctionnement de la chambre magmatique est semblable à celui-d’une cocotte minute, et à la pression engendrée par l’évacuation ou non de l’énergie contenue dans celle-ci.

Ainsi, cette baisse régulière pourrait attester d’une accalmie généralisée de l’activité volcanique, et ce avant une autre période de forte activité : car la pression se ré-accumule inexorablement dans la chambre magmatique, perpétuant la vie cyclique de cet objet géologique fascinant et quasi inédit qui ponctue la vie des mahorais depuis maintenant plus de deux ans.
Il faudra néanmoins attendre les derniers résultats pour confirmer ces données, et la prudence reste de mise, comme il s’agit de faire à chaque étude scientifique approfondie : il se pourrait que le retour de la mission nautique Pourquoi Pas ? change la donne, apportant son lot de nouveautés quant aux derniers résultats. A noter toutefois, selon certaines sources encore à vérifier, la possibilité d’une révélation prochaine quant à l’emplacement si mystérieux jusque-là de cette chambre magmatique qui soulève bien des interrogations depuis la naissance avérée du volcan. Il se pourrait que de nouveaux éclaircissements soient au tournant, et que notre connaissance actuelle du phénomène volcanique mahorais fasse prochainement un bond en avant…

Mathieu Janvier pour France-Mayotte Matin