Les directions générales des Outre-mer et de l’Enseignement scolaire, la Délégation générale à l’Emploi et à la Formation professionnelle, la Délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté, et le secrétariat général des ministères chargés des affaires sociales, ont signé mercredi à Paris le premier plan visant à lutter contre l’illettrisme et l’illectronisme en Outre-mer. Décliné en 6 axes et 16 mesures, ce plan « couvre à la fois les enjeux de prévention et de remédiation tout au long de la vie », et « intègre pleinement les spécificités culturelles, linguistiques et géographiques des Outre-mer ».
Dans les départements et régions d’outre-mer, l’illettrisme demeure l’un des principaux freins à l’inclusion sociale, à l’accès à l’emploi et à l’égalité des chances. En outre-mer, les chiffres parlent d’eux-mêmes : dans certains départements, jusqu’à un quart des adultes sont concernés et plus d’un jeune sur deux rencontre de graves difficultés de lecture. Les données disponibles montrent des taux d’illettrisme deux à cinq fois supérieurs à ceux de l’Hexagone : jusqu’à 25 % de la population à Mayotte, plus de 20 % en Guyane, autour de 12 % à La Réunion, 9 % en Guadeloupe et 8 % en Martinique.
Être en situation d’illettrisme, c’est aussi être plus vulnérable face aux inégalités et à l’exclusion. Les études menées par l’INSEE le confirment : les personnes en situation d’illettrisme sont plus souvent touchées par la pauvreté. Elles occupent moins fréquemment un emploi durable, disposent de revenus modestes et rencontrent davantage de difficultés d’accès à la santé, à la formation ou au logement. Illettrisme et précarité se nourrissent aussi l’un de l’autre.
L’illettrisme appauvrit les personnes autant qu’il appauvrit les territoires. Les conséquences de l’illettrisme ne se mesurent pas en effet seulement à l’échelle des trajectoires individuelles : elles touchent aussi la vitalité économique et sociale des territoires. En réduisant les niveaux de qualification, l’illettrisme freine la compétitivité des entreprises, limite l’innovation et affaiblit l’attractivité des outre-mer. Les acteurs économiques peinent à recruter, les services publics doivent compenser des fragilités de base et les dynamiques de croissance s’essoufflent.
Un plan interministériel inédit et spécifiquement consacré aux Outre-mer
C’est pour répondre à cet enjeu que la direction générale des outre-mer (DGOM) lance pour la première fois, un Plan interministériel de prévention et de lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme en outre-mer, couvrant la période 2025-2028. Ce plan a été élaboré en étroite collaboration avec :
· la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO),
· la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP),
· la délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté (DIPLP),
L’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI), partenaire incontournable, a apporté son appui méthodologique et son expertise technique tout au long de l’élaboration du plan. Le Service militaire adapté (SMA), acteur historique de la formation et de l’insertion des jeunes ultramarins, a également contribué au diagnostic territorial et jouera un rôle déterminant dans la mise en œuvre, en mobilisant ses savoir-faire en matière d’accompagnement, d’apprentissage et de formation professionnelle.
Un plan construit avec les outre-mer, pour les Outre-mer
Ce plan est le fruit d’un large travail de diagnostic et de concertation, mené localement avec les Préfets, les recteurs, les commissaires à la lutte contre la pauvreté, les directions de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (DEETS), les collectivités territoriales, les missions locales, les opérateurs de formation, les Opérateurs de Compétences (OPCO) sans oublier les acteurs de terrain dans chaque territoire.
Ce plan reconnaît et intègre pleinement les spécificités culturelles, linguistiques et géographiques des outre-mer. Le plurilinguisme, loin d’être un frein, doit être regardé comme une richesse et un levier pour l’apprentissage du français, langue de l’école et de l’emploi et de la citoyenneté. De même, les réalités propres à chaque territoire comme l’éloignement, les contraintes d’accès à la formation ou encore la diversité des parcours scolaires exigent des réponses sur mesure, proches de nos concitoyennes et concitoyens ultramarins.
Six axes stratégiques et seize mesures opérationnelles pour rompre la spirale de l’illettrisme en Outre-mer
Le plan fixe une feuille de route structurée autour de 6 axes stratégiques et 16 mesures :
Axe 1 : piloter et animer la politique de lutte contre l’illettrisme, fédérer l’existant et mieux le structurer
Axe 2 : prévenir l’illettrisme dès la toute petite enfance et jusqu’à la scolarité obligatoire, en impliquant davantage les familles
Axe 3 : systématiser le repérage des personnes en situation d’illettrisme
Axe 4 : faciliter l’accès aux savoirs de base dans le monde du travail
Axe 5 : mieux évaluer et mieux exploiter les résultats
Axe 6 : communiquer et sensibiliser pour faire reculer l’illettrisme et l’illectronisme.
Ce plan couvre à la fois les enjeux de prévention précoce (petite enfance, école, lien avec les familles) et de remédiation tout au long de la vie (emploi, formation, insertion, accompagnement social).
Une stratégie fondée sur la mobilisation des crédits de l’État et du FSE+
La mise en œuvre du plan repose sur une mobilisation coordonnée des crédits nationaux, du Fonds social européen plus (FSE+), dans le cadre de la programmation 2021-2027. Un plan doté d’un suivi exigeant et d’une évaluation régulière
Pour garantir l’efficacité de ce premier plan interministériel, un dispositif de suivi annuel et une évaluation régulière des actions engagées dans chaque territoire ultramarin sont mises en place. L’objectif est de disposer d’indicateurs fiables pour suivre l’évolution de l’illettrisme et de l’illectronisme, éclairer les choix publics et assurer la transparence des résultats. Cette démarche d’évaluation continue constitue un levier essentiel pour renforcer l’impact du plan et garantir que chaque euro investi contribue effectivement à réduire les inégalités et à améliorer la vie des habitants.
En lançant le premier plan interministériel de prévention et de lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme en outre-mer, l’État engage une action structurante et durable pour réduire l’une des inégalités les plus profondes des territoires ultramarins.























