Le préfet de Mayotte Thierry Suquet a annoncé ce jeudi de « nouvelles mesures restrictives » face à la pénurie d’eau que subit l’île. Les coupures d’eau s’étendront désormais sur 48h, soit 2 jours sur 3 sans eau pour les habitants.
« En dépit des efforts (…), on s’aperçoit aujourd’hui que les prélèvements qui sont faits dans les retenues collinaires sont trop importants » a déploré le préfet ce jeudi. « Pour réussir à passer le mois d’octobre, nous sommes obligés de nouvelles mesures » a-t-il annoncé. Sans mesures, « la vidange complète des retenues interviendra fin septembre », a prévenu le préfet.
Ces mesures concernent notamment des « tours d’eau plus restrictives » sur l’ensemble de l’île, avec des coupures de 48h, dès le 4 septembre. En outre, le centre administratif de Mamoudzou, les ZI de Kaweni et Longoni, et Petite-Terre, toutes des « zones d’activités économique », auront des coupures nocturnes toute la semaine et une autre de 36 heures le week-end. Ces mesures « doivent nous permettre de maximiser les économies sur les retenues collinaires tout en garantissant la distribution d’eau pendant 60h par habitant et par semaine ». Sur le réseau, « les travaux d'urgence sont en cours de réalisation et ne seront effectifs qu'en fin octobre-début novembre ».
Des cuves d’eau dans les écoles
La pénurie d’eau qui sévit à Mayotte inquiète également le rectorat et les parents d’élèves en cette rentrée scolaire. Sur certains établissements scolaires, des cuves ont été installées par le rectorat et les municipalités. 30 000 gourdes vont également être distribuées afin que les élèves de l’île puissent les remplir chez eux ou à l’école, à condition que l’un ou l’autre dispose d’eau. Sur place, les pénuries d’eau gagnent les représentants de la société civile.
Le Grand Cadi a notamment, dans une lettre ouverte, lancé un appel à « exploiter toutes les solutions possibles pour préserver notre ressource vitale ». Il demande notamment aux Mahorais d’« instituer un nouveau rapport à la consommation d’eau, non seulement pour la crise actuelle mais aussi pour celles des années à venir » mais aussi, plus technique, à la Société mahoraise des eaux de « corriger de manière systématique les injustices financières causées sur la facturation des usagers de l’eau à cause du nombre insuffisant des relevés de compteur annuels ».
#MayotteaSoif
En tout, 20 recommandations cadiales qui concernent à la fois la religion musulmane et les autorités publiques. Le Grand Cadi demande aussi, par exemple, « un vaste programme de forage des terres pour rendre disponible les eaux pluviales profondes », « une politique écologique de restauration et sauvegarde des rivières et cours d’eau de Mayotte tout en développant des bassins de réserves en proximité immédiate » ou encore, de « soutenir l’acquisition de citernes d’eau pour les ablutions et autres équipements de stockage dans les mosquées notamment par l’État et le Conseil départemental ou l’ARS ».
Sur X (ex-Twitter) la situation dramatique que vit l’île a aussi interpellé la jeunesse de Mayotte, qui a lancé l’hashtag #MayotteaSoif. Un moyen d’interpeller les pouvoirs centraux, Paris, à cette problématique majeure qui touche le 101ème département. Et en parlant de pouvoirs publics, le nouveau ministre délégué aux Outre-mer, Philippe Vigier, doit s’y rendre la semaine prochaine pour se pencher de près à la problématique.
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