Mayotte : Le Medef monte au créneau pour les entreprises touristiques

© France Mayotte Matin

Mayotte : Le Medef monte au créneau pour les entreprises touristiques

Un communiqué gouvernemental sur l'extension des aides financières aux entreprises ultramarines, notamment pour le secteur du commerce de détail, oubliait le 101ème département français. Le Medef Mayotte a donc demandé des explications dans une lettre ouverte parue mardi. Sa présidente, Carla Baltus, exprime son incompréhension et évoque avec nous l'état de santé des entreprises mahoraises. Une interview de notre partenaire France Mayotte Matin.
 

France Mayotte Matin : Vous avez écrit une lettre au ministère des Outre-mer concernant l'extension de l'aide au secteur touristique ultramarin, laquelle n'est pas applicable à Mayotte. Cette décision vous a-t-elle choquée ?

Carla Baltus : Au Medef Mayotte, nous avons la préoccupation d'accompagner nos adhérents, mais aussi l'économie locale. Depuis le début de la crise, nous cherchons à connaître les dispositifs d'aides, de plus en plus complexes, qui découragent les entrepreneurs à les activer. Quand nous avons vu passer ce premier décret, duquel Mayotte était exclue, cela nous a bien sûr interpellés. Nous demandons aujourd'hui des explications sur ces criTères d'exclusion.
Concernant les aides spécifiques à Mayotte, la préfecture nous a rassurés. Maintenant, nous aimerions connaître ce décret, pour émettre nos remarque et s'assurer qu'il participe vraiment à l'accompagnement nécessaire des entreprises mahoraises.

FMM : Ce décret, spécifique à Mayotte, présenterait-il le risque d'être « au rabais » par rapport aux autres départements d'Outre-mer ?

Carla Baltus : Sûrement pas. Quand on nous dit « spécifique », cela veut dire que c'est beaucoup plus que ce que l'on pourrait proposer aux autres. Nous sommes le premier département confiné, l'avons été pendant plus de cinq semaines, et beaucoup d'entreprises ont subi une interdiction d'ouverture, et donc une perte de chiffre d'affaires. Nous attendons donc des mesures très favorables, dans la mesure où, en 2020, nous avons bénéficié de la solidarité nationale, ce qui nous a beaucoup aidés. Les entreprises locales demandent aujourd'hui l'accompagnement nécessaire pour leur survie.

FMM : L'argument selon lequel Mayotte serait moins développée touristiquement que les autres territoires ultramarins français vous semble-t-il recevable ?

Carla Baltus: Quel que soit le niveau de tourisme, aussi embryonnaire puisse-t-il être, il n'y a aucune raison d'exclure Mayotte. Le tourisme ici est une branche qui peut potentiellement pro-duire de l'emploi et de l'activité, ne le tuons donc pas dans l'oeuf.

FMM : Vous indiquez dans votre lettre que les entreprises de l'île sont très fragilisées. Avez-vous un regard sur l'état de santé écono- mique de Mayotte ?

Carla Baltus : Aujourd'hui, les entreprises mahoraises ont vraiment du mal, à faire face à leurs charges sociales et fiscales, elles n'arrivent pas à sauvegarder les emplois. Nous comptions donc sur le plan de relance et de développement de Mayotte pour avoir de l'activité, avant tout, puisque le chiffre d'affaires perdu ne sera jamais rattrapé. Nous l'avons rappelé : depuis 2018, les entreprises ont du mal, et survivent. Il faut donc aussi que l'on puisse accompagner la jeunesse à former et à embaucher, diminuer le chômage... Des aides spécifiques à Mayotte sont ainsi plus que nécessaires aujourd'hui.

FMM : Pourquoi utiliser une lettre ouverte pour faire entendre vos remarques ?

Carla Baltus : Les ministres des Outre-mer et de l'Intérieur nous ont promis une visite, plusieurs fois reportée. Nous n'avons donc pas eu l'occasion de rencontrer ces personnes, qui ne nous reçoivent pas en personne lorsque nous nous déplaçons à Paris. Nous voulons aussi prendre la population à témoin, puisque ce que nous demandons concerne l'économie de Mayotte, et donc tout le monde. Nous espérons ainsi une réponse officielle. »
 

Propos recueillis par Axel Nodinot